En quelques traits, le Nord c'est un passé industriel, des usines et de la brique. Jérémy Moncheaux est illustrateur, pour Lasécu il expose « des paysages enchantés », des images qui vont bien au delà des clichés.
La promenade commence le long des murs ; des rues aveugles où l'on ne croise que les briques et les fenêtres condamnées d'anciens bâtiments industriels. Les premiers pas dans l'exposition convoquent un passé pas si lointain ; on trouve encore à Lille et ailleurs de tels vestiges qui rythment la vue. A Fives, certains s'en souviennent, des ouvriers qui n'ont pas toujours su passer à autres choses. C'est là et avec eux que Jérémy Moncheaux a commencé à se réapproprier le patrimoine, à réinventer des chemins de mémoires.
Si dans ce travail il y a quelque chose de l'état des lieux, il ne s'agit pas pour l'illustrateur de dessiner des usines pour dessiner des usines. Il y a en effet quelque chose d'impressionnant dans ces grands espaces conçus pour les machines et les hommes et maintenant plein de silence et de lumière. De tels lieux donnent le vertige. Paradoxalement pourtant dans cette contemplation de la ruine on pourrait oublier ce que furent les grandes heures de l'industrie. Sans idéaliser ce passé, il ne faudrait pas laisser cette culture ouvrière se perdre et c'est tout l'enjeu de l'association Non-lieu à laquelle participe Jérémy Moncheaux. Non-lieu, le nom adéquat pour des lieux de vies désertées...
Des industries à la campagne, le même désert semble s'étendre et l'on retrouve la même préoccupation dans la manière de peindre les paysages. En dehors des villes, Jérémy Moncheaux place son cadre sur des champs uniformes, des horizons sans couleurs, des chemins en forêt. Il n'y a pas grand chose à voir, mais tout de suite le regard est attiré ; une étrange familiarité se dégage d'un réverbère, d'une maison oubliée dans le décor. Il y a cette atmosphère de film noir, ce côté fantastique qui se dégage d'un portail, d'une route de laquelle tout pourrait arriver. L'art du dessinateur est alors de nous offrir le spectacle de ce que l'on ne regarde plus, de mettre en scène le banal et de nous laisser imaginer.
Ces dessins pour se réapproprier la lumière des lampadaires, ouvrir les yeux sur les nuances de gris et rêver encore au Nord.
Jérémy Moncheaux à la galerie Lasécu
Exposition du 20 septembre au 8 novembre 2014
Ouverture les vendredis et samedis de 14h à 19h & sur rdv en semaine
Entrée libre
