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Là de Baro d’Evel au Prato

Vendredi 25 mars et samedi 26 mars 2022, Le Prato (Pôle National Cirque) accueillait le spectacle de la compagnie de cirque Baro d’Evel. Créée en juillet 2018, la pièce précède Falaise – présentée le 23 et 24 mars 2022 au Colisée de Roubaix – pour former un diptyque poétique, entre effondrement et envolée.

"Là" au prato

Le spectacle est un trio, avec une entrée fracassante pour Camille Decourtye et Blaï Mateau Trias et celle plus inattendue de Gus le corbeau qui règne en maître. Les trois protagonistes évoluent dans un espace blanc dans lequel tout est à créer. La pièce joue sur la dichotomie entre le noir et le blanc, entre la gravité et l’impulsion. Elle mêle corps, voix et sérigraphie où l’espace finit par devenir un objet artistique plastique en lui-même au fil des micro-évènements. Les situations reposent sur des canevas où les artistes gardent tout de même une part d’improvisation afin de s’adapter au comportement de l’animal avec lequel ils travaillent : « Pour moi [Camille Decourtye] travailler avec un animal c’est inventer un mode de communication et s’engager physiquement ensemble, c’est avant tout l’histoire d’une complicité et d’une relation. Il s’agit bien de savoir s’adapter à chacun, d’être dans une démarche d’éducation, savoir reconnaitre ses signaux, savoir se connecter avec son ressenti, respecter ses limites physiologiques et psychologiques, lui permettre d’évoluer, de se sentir en lien. »

Ces situations sont dans un premier temps assez banales, puis, elles sont transformées voire poussées à l’extrême sur le principe du comique de répétition. Elles se basent sur des accrocs, de petits incidents venant déranger l’ordre des choses, aussi triviales soient elles, souvent avec un sens inconscient et accidentel, proche de l’irraisonnable. Il n’y a pas de réels enjeux dramatiques si ce n’est de lutter contre l’ennui. Le spectacle s’interroge sur l’attente, l’isolement, la solitude et le rien. Ces deux dernières années, au vu des circonstances, nous ont déplacés dans notre rapport à l’ennui, au temps et, par là même, à la mort. Il s’agit de dénoncer les défauts risibles des êtres humains, de montrer à quel point nous pouvons être grotesques.

Les dialogues absurdes, tout en étant légers et drôles, décrivent un entre-deux permanent, une maladie de la communication. Camille Decourtye et Blaï Mateur Trias laissent entrer dans leur écriture l’incompréhensible, l’incohérence par une forme de chaos tranquille et pacifiste. L’absurdité et la trivialité des situations sont symptomatiques de notre société actuelle car les artistes comblent un vide, terrifiés à l’idée du rien, d’un monde dont le sens est en perdition, qu’on peut déjà considérer comme le mal du siècle.

met en lumière tout ce qui est, parfois même ce qui paraît dérisoire ou invisible. La pièce est une pépite et nous avons hâte de retrouver la compagnie pour découvrir un peu plus de leur univers.

Un petit aperçu de la compagnie Baro d'Evel en vidéo

Photo : © François Passerini

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