Tous les metteurs en scène se lancent un jour le défi de monter Shakespeare : il n’y a qu’à lire l’interview de Stuart Seide, l’ancien directeur du Théâtre du Nord, dans ses Scènes de vie pour comprendre la place que tient Shakespeare dans la carrière d’un homme de théâtre, ou la fascination qu’il peut encore susciter malgré la passage du temps.
Patrick Pineau, qui a monté Le Suicidé d’Erdmann que l’on avait pu voir au Théâtre du Nord en février 2012, s’est pris au jeu de s’attaquer à un Shakespeare, et a su restituer toute la puissance et le foisonnement de l’écriture du dramaturge anglais. Les deux acteurs principaux, Nicolas Bonnefoy et Babacar M’Baye Fall, incarnant respectivement le Seigneur de Sicile et le Roi de Bohème, nous livrent une performance exceptionnelle, au service de la langue de Shakespeare, entre tragique et comique, entre douceur et excessivité. On ne peut que les suivre tout au long de la représentation…
Le dispositif scénique est lui aussi spectaculaire, alliant modernité et inventivité, sans tomber dans le modernisme à tout prix ou l’ostentatoire. Tout est pensé pour créer des ambiances propres à chaque scène, qui viennent amplifier les émotions portées par les acteurs.
Le public a été conquis par ce spectacle, qui prouve que les auteurs dits « classiques » ont encore, heureusement, leur place sur les scènes modernes.
De Shakespeare, mise en scène de Patrick Pineau.
Un spectacle à voir au Théâtre du Nord du 5 au 15 février 2014.
