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Le Dragon au Théâtre de l’Idéal de Tourcoing

Du 27 au 30 avril 2022, l’Idéal de Tourcoing accueillait la pièce le Dragon mis en scène par Thomas Jolly. Ce conte fantastique en trois actes a été écrit par l’auteur russe Evgueni Schwartz en 1943 pour dénoncer la dictature hitlérienne et stalinienne de l’époque. Le texte sera d’ailleurs censuré par le régime soviétique en 1944.

Le Dragon, l'histoire

Un dragon à trois têtes exerce son pouvoir sur une ville depuis des siècles. Les habitants et le bourgmestre subissent, dans la peur, l’autorité du dragon. Lors de sa pérégrination, Lancelot, le jeune héros, entend parler de l’hégémonie du monstre. Il décide de le tuer à ses risques et périls pour libérer la ville du joug de la bête. Tandis que tout le monde croit Lancelot mort, le bourgmestre s’attribue le mérite du jeune étranger et s’empare du pouvoir en installant un régime aliénant encore plus insidieux que celui mis en place par le Dragon.

Le Dragon, créature hybride, maléfique et prédatrice s’incarne tantôt par trois acteurs rassemblés au plateau tantôt par de véritables têtes de dragon. Les habitants de la ville sont partagés entre la terreur, l’épouvante, la répulsion et, au contraire, par une admiration sans faille, une entière dévotion et une grande fascination pour le Dragon. L’arrivée de Lancelot amène le peuple à transgresser les limites et les interdits imposés par la dictature.

L'univers gothique de la mise en scène

Thomas Jolly nous embarque dans un décor gothique proche de l’univers onirique de Tim Burton ou d’Edgar Allan Poe. Il fait apparaître un monde aux frontières indistinctes et fait régner une atmosphère étrange et insolite. La scénographie est travaillée par des zones d’ombre et de lumière amenant un univers macabre draculéen. Le jeu est, lui aussi, très stylisé voire légèrement décalé. Il sort des codes réalistes de la représentation. Les personnages ressemblent à ceux, plus cartoonesques, de la famille Adams. La laideur monstrueuse des corps cadavériques, l’accentuation de la démarche mécanique et saccadée des personnages sont valorisées par le traitement expressionniste de la lumière modifiant les proportions réelles du corps.

En se saisissant de nombreux codes du merveilleux, Thomas Jolly nous transporte avec brio dans ce conte fantastique, écrit il y a presque quatre-vingt ans et qui, pourtant, résonne plus que jamais avec l’actualité et le présent.

© Crédit photo : Nicolas Joubard

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