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Les petites filles par A + B au Grand Bleu

Difficile de parler d'un spectacle qui se renouvelle constamment. D'un soir à l'autre, ce n'est pas la même pièce qui se joue. Il en existe de nombreuses versions et le texte multiplie les possibles. Il serait inutile de tout raconter, ce ne serait que la représentation d'un soir et rien ne dit que deux personnes voient jamais la même chose. Le suspens reste donc entier.

Cela commence pourtant toujours de la même façon, par l'enfance. Quatre petites filles nous sont présentées. Elles se rencontrent parfois, sur les bancs de l'école, chez l'une ou chez l'autre selon les anniversaires mais bien des choses les séparent. Chacune à son histoire, une famille à part, des rêves, des peurs. Alors que les personnages très marqués sociologiquement pourraient n'être que des archétypes, le jeu très personnel des actrices leur confère une tout autre dimension. Fille de parents divorcés, ou de mariés, d'une mère au foyer ou au travail : l'environnement familial a son importance mais c'est la singularité de chaque enfant qui prime. Ce sont des détails que nous donne le texte, des images qui arrivent par la vidéo grâce auxquelles nous nous identifions, nous acceptons de croire aux futurs de ces petites filles

Quatre petites filles qui deviennent grandes et sont confrontées à des choix. Le spectacle fonctionne sur un système de propositions, deux pour chaque personnage, qui conduisent à autant de fin différentes. Le choix pourtant ne leur appartient pas, c'est le fait du hasard, ou des spectateurs qui dans ce spectacle comme en démocratie sont amenés à se prononcer. A partir de ce moment, les jeux sont faits et nous ne pouvons qu'assister aux conséquences de ce choix. Curieuse impuissance de celui qui a exprimé son choix et frustration de ne pouvoir connaître l'alternative. Nous participons à une véritable expérience de théâtre avec cette pièce où le spectateur est en position de ressentir les mêmes émotions que le personnage.

Même si la pièce peut rappeler au début l'étude de cas, force est de constater que l'on dépasse très vite ce cadre. Ce qu'il y a de plus singulier pour chacune d'elle n'est pas nié mais porte au contraire à une certaine universalité. Il est question de choix, de hasard, de destin. A la structure presque mathématique, logique de l'ensemble répondent pourtant plus que quatre personnages. Celles qui acceptent, celles qui refusent le sort, s'estiment heureuse ou se refont l'histoire. Ont-elles vraiment grandi, sont-elles devenus adulte ? Plus d'une interrogation nous dépasse. Il y a les choix que les personnages font, les opportunités qui se présentent et ce qui aurait pu aussi arriver. Et si ? Ainsi vont nos vies comme celles des petites filles.

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