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MAY B à la Condition Publique – Festival le Grand Bain

Pour clôturer le festival Le Grand Bain organisé par le Gymnase CDC (Centre de Développement Chorégraphique), la Condition Publique de Roubaix honorait ce vendredi : MAY B. Créée en 1981 par Maguy Marin, la pièce avait connu peu de succès à sa sortie. Elle est aujourd'hui l'une des oeuvres phares de la chorégraphe, une pièce indispensable du répertoire chorégraphique contemporain.

L'image du corps n'est plus une construction individuelle mais un phénomène social, elle obéit à des critères stricts. En danse, le corps doit être élancé, gracieux, proportionné et élégant. Maguy Marin a choisi de danser la différence en créant une pièce aux antipodes des canons.

Le spectacle demande une heure et demie de préparation pour les dix danseurs de la compagnie.Les interprètes sont couverts d'argile de la tête aux pieds. Leur physique transformé, on aperçoit des silhouettes déformées, bosselées voire effrayantes. Sur scène est représentée la vieillesse, la maladie et ce qu'il y a de plus effrayant : notre fin. On a néanmoins du mal à qualifier ces drôles de personnages, sont-ils des cadavres, de funestes poupées ou des mendiants ?

Bien que les danseurs soient déguenillés, le visage grimaçant, ils ont une posture bien particulière qui leur doit être douloureuse, leur donnant à chacun une présence hallucinante. Le mouvement est parfois ralenti, tremblotant accentuant leur allure, le geste est si bien maîtrisé. Le spectacle est très visuel avec de nombreux effets de masse et une coordination irréprochable. Des corps misérables qui pourtant ne s'essoufflent jamais.

Ces "individus" ont du mal à communiquer, ils semblent impassibles face à l'autre exprimant des besoins vitaux comme l'amour, le rire, l'affection... Le spectacle ne raconte aucune histoire ce qui justifie que les transitions soient brutes et la musique variée. Le spectateur est tiraillé entre rire et émotion devant ces personnages à la fois clownesques et tragiques. La chorégraphe dresse des tableaux où un danseur est tenu en laisse telle une bête de foire, un autre en fauteuil roulant, d'autres interprètes jouant des fous, tous les artistes réunis pour fêter un anniversaire. Le décalage de la chorégraphe est très comique puis avec du recul elle nous montre une scène bouleversante.

Maguy Marin s'amuse entre danse et théâtre, en créant des personnages aux physiques presque hors-normes, elle dénonce le rejet, la solitude de ceux en marge de la société et fait de cette pièce un spectacle terriblement humain.

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