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Moeder à la Rose des Vents

Ce mardi, mercredi et jeudi, la Rose des Vents accueillait la compagnie belge Peeping Tom pour le second volet de sa trilogie autour des membres de la famille. La compagnie a commencé par Vader (père), puis terminera par Kinderen (enfants) mais c’est Moeder qu’elle présentait durant ces trois soirées. Installé à Bruxelles, ce collectif de danse-théâtre a été créé en 2000 par la danseuse argentine Gabriela Carrizo et le danseur français Franck Chartier. Ce-dernier a reçu le prix le plus prestigieux des Pays-Bas, les Zwanen (cygnes) « pour le spectacle de danse le plus impressionnant de 2016 » avec sa pièce The lost room.

Les deux chorégraphes de la compagnie révèlent leur questionnement sur la figure de la mère à travers différents lieux : un musée, un service de maternité, un salon funéraire et un studio d’enregistrement sans que l’espace ne soit pour autant délimité. Il s’agit plus de créer des ambiances, des petits tableaux, de raconter de courtes histoires que de véritablement établir un récit d’une heure et demie. Ce sont des moments de vie intimes, émouvants, drôles et angoissants qui évoluent entre espace privé et espace public. La pièce vacille entre souvenirs conscients et inconscients et met en lumière des désirs refoulés. L’oeuvre ébranle le spectateur par l’évidence qu’elle rapporte. Après son accouchement, la mère voit sa propre mère dans la couveuse de son enfant. Dans le musée, une femme vole un tableau en prétendant qu’il s’agit du sien, réalisé pour sa mère et accroché au mur de la cuisine lorsque celle-ci préparait de la soupe. Les paroles sont confuses, l’atmosphère peut paraître anxiogène et pathétique mais les deux chorégraphes maîtrisent l’art du second degré. Le spectateur passe du rire aux larmes. Les personnages sont à la fois ridicules et attachants. Les interprètes aussi bien acteurs, danseurs que chanteurs sont incroyablement justes. Il y a de nombreux effets qui rendent la pièce surréaliste : une sage-femme est enceinte, contorsionniste avec une longueur de bras disproportionnée. Dans le studio d’enregistrement des bruitages sont établis avec un seau d’eau, une femme se noie au sol. Au mur est accroché un tableau représentant un cœur humain qui ne cesse de saigner. La compagnie livre une grande réflexion et une incroyable performance. Les danseurs sont des authentiques techniciens aux capacités hors-normes.

Le spectateur est transporté au cœur d’un rêve et cette pièce est une cure psychanalytique. Chaque petits détails prend peu à peu une grande importance et rend ce spectacle absolument prodigieux.

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