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Pink Floyd, Live at… Palais des Beaux-Arts de Lille

Choc de génération jeudi 9 décembre au palais des Beaux-Arts de Lille : la projection du film d’Adrian Maben Live at Pompei (1972), soit Pink Floyd dans sa splendeur baba cool époque des albums Ummagumma (1969) ou Meddle (1971), précédait un mix du titre Echoes avec le film 2001, l’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick…
Première constatation : les jeunes étaient plus nombreux que les soixantuitards. Résultat, une moyenne d’âge tournant autour des 25 ans, indiquant que le Floyd, comme Kubrick, ont passé le cap générationnel. Et pourtant, le choc semblait incontestable : Live at Pompei a pris un coup de vieux en raison de la lenteur de ses images, confrontée à la culture télé contemporaine où concerts et clips semblent confiés à des monteurs épileptiques. Et pourtant… Seules quelques personnes ont craqué et quitté l’amphithéâtre du Palais, complet. Il faut dire que ces soirées des Beaux-Arts, créées par Régis Cotentin lors de son arrivée en 2005 à la tête de la programmation contemporaine, ne désemplissent pas.

PETIT ECRAN

Ceux qui sont restés avaient un certain mérite, car la petitesse de l’écran, joint à l’immensité d’un espace trop éclairé, nuisait forcément à la projection : la lenteur des images, le psychédélisme de la musique, nécessitent de s’immerger dans le film, d’entrer dans son univers sonore. Au fond de la salle, Benoit, la vingtaine, n’avait pas pu se prendre au jeu, la faute à ce fichu écran minuscule, mais sa copine, Fiona, le contredisait : « La musique et les images m’ont fait planer car je me suis imaginé la vie des gens à l’époque de l’éruption du Vésuve ; du coup, je suis vraiment entrée dans le film, en dépit des conditions. »
1972, Odyssée du passé : cette année là, Pink Floyd débarque à Lille, dans l’ancienne foire commerciale. On vient d’inventer la quadriphonie, et le jeune public est étourdi de bonheur. Dix ans plus tard, le Floyd est revenu au Stadium-Nord muni du cochon géant qui accompagnait ses shows de plus en plus spectaculaires. Rien de tout cela dans la sobriété du concert de Pompei, où les musiciens sont seuls dans l’arène désolée. Seul leur son est déjà énorme, et cela, l’assez bonne sono du Palais des Beaux-Arts l’a bien retransmis. Ceux qui aiment observer la technique des musiciens – chose impossible à notre époque où les réalisateurs jouent à celui qui battra le record du monde de vitesses de plans successifs – se sont régalés. A l’époque, en plus, on filmait les batteurs, souvent rejetés dans l’ombre aujourd’hui. Alors la caméra tourne et tourne autour de Nick Mason et de ses futs, un Mason chevelu-moustachu qui semblait un mix du doux dingue Frank Zappa et du fol dingue Charles Manson. La camera s’attarde aussi sur les yeux de velours du clavier Richard Wright, et multiplie les gros plans sur le visage d’ange efféminé de David Gilmour - ah ce plan où le vent plaque les longs cheveux lisses du guitariste sur son beau visage, à damner le pire des hétéros… Quant au bassiste Roger Waters, qui impose déjà son joug, on le voit dans toutes ses expérimentations sonores. Il faut dire qu’Echoes, part one ou part two, qui entame et boucle ce Live at Pompei, commençait sur la stridence du cri des baleines, enregistrée par nos flamands roses.

SCANNER HAUTE QUALITE

Visiblement, tout le monde a passé un bon moment à Lille, pas de quoi hurler comme le chien Colley également enregistré, cette fois live (pour les baleines cela devait être trop compliquée) au milieu du groupe et du concert…
D’ailleurs, tout le monde est resté après l’entracte pour le set du musicien Scanner, sous les yeux émus du maire de Tourcoing Michel-François Delannoy, fier de rappeler que l’Anglais est actuellement l’un des profs invités à l’année au Fresnoy, studio national des arts contemporains. Le son a ainsi été préparé à Tourcoing.
Robin Rimbaud, alias Scanner, s’est déjà promené, au gré d’une vingtaine d’albums, parmi les musiques de Radiohead, Laurie Anderson ou Bryan Ferry, travaillant aussi avec le danseur Merce Cunningham. Mercredi, il a donc revisité le cinéma de science-fiction influencé par les visions de l’espace de Kubrick en mixant les musiques de la bande originale du film (Strauss et Ligeti) avec les expérimentations sonores de Pink Floyd. Puis s’est amusé à monter le son sur toutes les gammes d’Echoes au gré du chapite Jupiter du film de Kubrick… On planait, et pas comme en 1970, donc sans substances illicites…

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