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Pistes… de Penda Diouf au Théâtre du Nord

Du 22 au 25 janvier 2025, le Théâtre du Nord présentait Pistes… mettant en lumière le travail de sa nouvelle artistes associée : Penda Diouf. Le texte, sorti en 2017, est une commande de la SACD sur le thème du courage. Penda Diouf s’essaye pour la première fois à la mise en scène avec l’un de ses propres textes, une autofiction portée par une comédienne qui mêle son histoire personnelle avec la grande.

En piste : les apprentissages de l’autrice

Dans la première partie de la pièce Pistes... qui raconte l'enfance de l'autrice, la scénographie représente les couloirs d’une piste d’athlétisme. Le tracé sur le plateau évoque autant la limite injuste imposée à la petite fille noire qu’une voie tracée que quelque chose, pour elle, à dépasser. Son idole est Frankie Fredericks, un athlète namibien spécialiste des épreuves du sprint qui forcera l’admiration de l’enfant et qui la questionnera sur la Namibie, pays qu’elle ne connaît pas.

La deuxième partie relate le road-trip de Penda Diouf qui part seule, découvrir la Namibie. « You are a brave woman » lui disent certain.e.s Namibien.ne.s. La comédienne, Nan Yadji Ka-Gara évolue dans un aplat de couleur rouge, rappelant les dunes de Namibie. La scénographie est très épurée. La lumière du spectacle est magnifique. Tout est minimaliste, contemplatif et pur mettant en avant ce qu’il y a de plus essentiel dans la pièce.

Sur la piste du génocide en Namibie

La troisième partie de Pistes... retrace le génocide des peuples Herero et Nama entre 1875 et 1915 lorsque la Namibie était colonisée par les Allemands. Les premiers camps d’extermination ont été en Namibie. Pourquoi personne n’en parle ? Pourquoi personne ne le sait ? Le génocide n’a été reconnu en Allemagne qu’en 2021. La pièce se termine sur une image puissante et émouvante : un parterre de crânes disposés un à un sur le plateau. Penda Diouf rend un hommage à ces hommes et ces femmes, victimes des exactions de la colonisation, à qui il manque une sépulture pour reposer en paix.

Dérouler le fil de l’histoire

Les trois parties sont liées grâce à la métaphore de la couture. Dérouler le fil de l’histoire, puis, assembler, tisser, composer, recomposer les morceaux entre eux. Et enfin, recoudre pour tenter de refermer la plaie béante. La présence de la comédienne, Nan Yadji Ka-Gara qui interprète le rôle de Penda Diouf, force l’écoute. Sa voix est posée et chaque geste est nécessaire. Elle instaure un rapport au temps particulier presque méditatif à l’endroit du recueillement. La pièce est toute en retenue avec la juste tonalité. La comédienne est à la fois grave mais lumineuse. Rien est larmoyant.

En allant sur les traces d’une partie de l’histoire de Namibie, en voyageant seule dans un pays qu’elle ne connaît pas, Penda Diouf est en quête de sa propre identité afrodescendante. Elle lie sa propre histoire avec une partie de la grande qu’on cache, qu’on nie ou qu’on oublie montrant ainsi la manière dont le racisme — culminant au moment des grands empires coloniaux européens — s’exprime encore de manière latente dans nos sociétés actuelles.

Crédit photo : © Frédéric Iovino

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