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Retours de mer au Musée des Beaux-arts de Dunkerque

Retours de mer à Dunkerque.

Dunkerque, fier d’une histoire locale intimement liée aux marées compte bien entendu son musée portuaire. Comme en écho, le Musée des Beaux-arts propose une grande exposition consacrée à la mer. Retour aux sources, « Retours de mer » brasse aussi bien art contemporain que peintures anciennes ou encore collections d’ethnographie.

Il faut suivre les pistes de cette exposition comme autant de récits de la mer. La tradition des marins veut qu’ils ne se disent rien des voyages à la maison. Ce qui se passe à la mer, reste à la mer. Les hommes entre eux unis par l’expérience des vagues et leurs familles qui restent à quai. Ces débarquements bientôt deviennent légendes et les artistes tâchent de peindre la haute mer. Certains n’ont que l’expérience des bateaux aperçus aux ports, d’autres ont écumé les mers et Louis Garneray (1783-1857), corsaire et littérateur, marin et peintre est de ceux-là. Histoire et représentations se regardent dans un combat muet et, pirates ou corsaires, la mer a des épaves pour mémoire. Dunkerque a Jean Bart. Qui se souvient de ces canonnades, des cris des bateaux de guerres ? Qui se souvient des esclaves et du commerce des bateaux marchands ? 

La mer, si elle fut une source de richesse, est aussi le début du voyage, le commencement d’un rêve. Combien de miles marins séparent Alger de Dunkerque et pourtant combien ces ports semblent proches sur la toile d’Eugène Isabey. La mer comme écartelée entre orientalisme et réalisme, tons pastel et mers d’huile ou froides lumières des tempêtes est un thème récurrent en peinture. La mer, sans cesse recommencée de Valéry demeure l’occasion pour les peintres de s’exercer aux couleurs et de fixer le mouvement des éléments. Détour dans l’exposition par la salle des naufrages et manière aussi de rappeler, que l’on ne revient pas indemne de la mer. Même à terre, on ne peut nier l’impression de la Vague, ce tableau de Courbet, posé comme l’évidence d’un nu : la mer sans la Vénus sortie des eaux.

Des bribes de récits continuent d’affluer au rythme des vagues -suite de l’exposition- bois flotté, bouteilles et même coquillages comme autant de fortunes de mer pour reprendre le titre d’une série de photographies d’Albert Clermont. Qu’est-ce que finalement revenir ? Si nous pouvons tous avoir un même océan pour horizon, reste que nous ne partons pas tous de la même terre. La richesse de cette exposition est aussi de faire place à des objets de cultures différentes, aussi bien modèles de pirogue maori que cartes de navigation d’Océanie. Des artistes contemporains accompagnent ce retour par des installations vidéos et sonores et sur la ligne d’arrivée nous attendent et le carnet de voyage d’Enrique Ra mirez, regard d’un vidéaste par le hublot d’un cargo, et les toiles de Valérie Favre, coulures d’encres aussi profondes que la mer.

Suivez donc les bateaux et débarquez pour ces Retours de mer à Dunkerque. 

Musée des Beaux-arts de Dunkerque
Exposition Retours de mer jusqu’au 31 janvier 2015
Ouverture tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h15 et de 14h à 18h
Tarif pour un accès au Musée et au LAAC : 4,50€/ 3€ pour tarif réduit et 1,50€ pour les 18-25ans

 

Missing Stories, histoires complémentaires à Dunkerque

En complément de l’exposition « Retours de mer », le musées des beaux-arts de Dunkerque expose photographies et vidéos de Laura Henno. A travers ses projets Cinquième île et Missing stories, cette artiste contemporaine donne un visage et des histoires à ceux qui traversent mers et terres pour un nouvel horizon.

L’archipel des Comores comporte quatre îles, par sa population de comoriens la Réunion, pourtant éloigné géographiquement et politiquement, pourrait être la cinquième. De fait c’est à la Réunion où elle était en résidence en 2011 que Laura Henno a commencé son travail sur La cinquième île. Dans cette série, elle fait poser de jeunes comoriens et entreprend déjà de raconter une histoire. Cette histoire c’est celle de la migration, ces histoires ce sont celles des migrants. Le projet s’enrichit ensuite de rencontres, et la photographe développe son œuvre dans la région Nord avec de nouveaux modèles, différents parcours. Dans la relation qu’elle noue avec eux, se trouve une force qui transparait dans un regard frontal, une fragilité aussi sur les visages fatigués. Dans les dunes, près de Calais, l’arrière-plan est loin d’être un décor : c’est la frontière au loin. Peut-être est-ce la lumière ou encore la brume mais l’atmosphère qui se dégage des scènes sans être étouffante a quelque chose de mystérieux qui confère à ses visages pourtant si proches l’anonymat des passants, celle aussi des témoins de l’Histoire.

Dans la continuité de cette série et suite à une commande, Laura Henno réalise Missing stories, un court métrage d’une vingtaine de minutes. Elle poursuit son travail sur la migration, rencontre des jeunes clandestinement entrés en France, administrativement invisible mais aujourd’hui intégré au paysage. En croisant leurs récits, fictions et souvenirs la photographe trouve la matière d’un film. S’entrecoupent les minutes d’un récit de rêve, celui que vendent les passeurs, d’un récit officiel, celui que les institutions demandent et les mouvements de ces modèles invités à rejouer leurs migrations, leurs arrivées.

Dans les regards que surprend l’artiste, il y a une distance et la mer au loin, qui revient sans cesse, se fait l’écho d’un autre monde qui n’existe peut-être qu’en photographie.

Musée des Beaux-arts de Dunkerque
Exposition Retours de mer jusqu’au 31 janvier 2015
& Missing Stories de Laura Henno du 15 février au 2 juin 2014
Ouverture tous les jours sauf le mardi de 10h à 12h15 et de 14h à 18h
Tarif pour un accès au Musée et au LAAC : 4,50€/ 3€ pour tarif réduit et 1,50€ pour les 18-25ans

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