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Rire en Or à la salle Watremez [ Jour 2 ]

Le 14 mars, le public de Roubaix et ses alentours avait rendez-vous pour une soirée haute en couleurs, et en humour ! 
Pour ce troisième et dernier temps fort du Festival Rire en Or, la société de production Cara Boss a joué les bonnes fées… 

20h30. Plus une seule chaise de libre. La présentatrice s’improvise chauffeuse de salle et vient prendre la température. Elle appelle sur scène les lauréats du Tremplin Jeune Humoriste : Un duo de filles, Fatima et Kadidja, et un jeune homme, Rama.
Honneur aux dames, les deux roubaisiennes partent à la conquête des spectateurs.
Celles-ci se caricaturent en intermittentes du spectacle et enchaînent mimiques et jeux de mots. Leur deuxième sketch illustre de manière caustique une bourgeoise (interprétée par Fatima) à la recherche de son propre cercueil, et une vendeuse qui la conseille (Kadidja). Un achat particulier, qui semble pourtant anodin, tel un accessoire de mode que la cliente désire « essayer ». Leur prestation s’achève sous forme d’une publicité pour des yaourts de supermarché…chantée et dansée ! Une chorégraphie au point, des paroles amusantes. On retiendra pour ces deux comiques en herbe, charisme et finesse.

Cependant, le public n’applaudit que du bout des doigts…contrairement à l’accueil qu’il réserve au second intervenant, Rama.
Il fait son entrée sur la chanson « Scatman » et remémore ces tubes qui ont rythmé notre jeunesse comme « la lambada » avec « des noirs qui voulaient serrer des blanches », ou le Club Dorothée qui diffusait « Olive et Tom » : « Il fallait quatre épisodes pour marquer un but ! ». L’apprenti humoriste évoque nos racines ch’tis reconnues dans toute la France et ces sudistes qui l’interpellent « Ch’a va Biloute ?! ». Il termine par la lecture d’une lettre de Sofiane, son cousin algérien, destinée à une certaine Charlotte. Un accent « blédard » bien imité et un public conquis, qui se reconnaît.

Des remerciements et une grosse surprise pour la seconde partie…
Fabrice Eboué et Thomas Ngijol sont bien présents…et en duo !!
Un accueil plus que chaleureux leur est réservé, quelques incorruptibles au fond de la salle imitent la voix de Ngijol, qui sourit.
On retrouve donc Fabrice, son air bonhomme, sa langue affûtée ; et Thomas, son aisance et son franc-parler inimitable.

Les artistes interrogent l’audience sur le prix des places, « 15, 20, 30 euros…30 ?!-interpelle Ngijol en désignant un homme – Y’a un mec qui s’est fait enculer tout seul ! »
Le show embraye sur la crise que connaît le pays actuellement (voir la review de Fabrice Eboué au Splendid). Thomas parle des braquages à Paris et de ces délinquants qui se montrent à visage découvert et armés « Vite ! Une baguette ! Et bien cuite !! ». Obama apparaît en sauveur « les noirs deviennent fous dans le métro » et scandent son nom.
Retour également aux débuts des comiques, au Jamel Comedy Club, considéré comme la « Star Ac’ de l’humour »… « A la Star’ Ac, ils gagnent 1 000 000 d’euros ! Avec Jamel, on a touché que 6000 euros avec toute la troupe réunie ! ». Leur marocain de patron « arnaqueur » aurait versé le salaire en dirhams !

Ils évoquent ensuite cette manie de mettre de l’huile d’olive partout… même sur les blessures ! Vient le tour de la Tunisie qui se fait taclée niveau tourisme. Eboué lance « On va éviter l’Algérie, on est à Roubaix ici ! J’veux pas m’faire casser la gueule à la sortie !» ( rires de la salle). 
Anecdote de ce dernier : le jour ou Jamel lui prête sa voiture, il oublie que c’est une décapotable et enchaîne queue de poisson et bras d’honneur à un automobiliste qui sort en lui collant le pouce sur le nez « Va niquer ta mère ! » Eboué de répondre : « Bah j’y allais là… ».
 Le comique se relance dans une imitation de Fogiel dont il est l’ancien chroniqueur et relate une émission… (s’adressant à une invitée) « Bonjour, vous avez été violée par votre père pendant vingt ans…(puis à Fabrice) Fabrice, une vanne ?! »

Ngijol qui s’était éclipsé revient sur scène, son acolyte repart en coulisses. Il parle de ses origines camerounaises et utilise un motif repris par l’un des lauréats du tremplin, la lettre au cousin du pays : Yakité. L’humoriste prend un accent africain et lit « c’est la misère, j’ai envie de pleurer, mais il n’y a pas d’eau ici, alors je vais éviter(…) » le destinateur fictif conclut prétextant qu’un guépard l’observe et demande un scooter en cadeau. « Le mec il crève de faim et y’est prêt à s’la jouer sur un deux roues ?! ». Il continue sur le thème de la famine en évoquant un voyage : les agents de l’aéroport lui auraient réquisitionné ses corn flakes : « Apporte un bol et du lait ! »
Thomas raconte son enfance pauvre, où au goûter, seule une patate douce l’attendait, contrairement à ses camarades qui avaient droit à des « têtes de nègres »… « J’allais quand même pas me payer ma gueule ?! ». Il avoue son âge, son célibat…et appeler son pote « occupé au lit »… « Vas-y j’peux écouter ?! ». Ngijol le déluré s’invente un fils qu’il nomme « Kalagan » comme dans les séries B américaines et répète ce prénom jusqu’à évoquer Mickael Jackson « Suis-le Kalagan ! » 

Humour noir et salace à profusion tout au long du spectacle, pour le bonheur de tous (excepté celui des personnes âgées au premier rang peut-être…), éclats de rires et applaudissements raisonnent dans toute la salle.
La fin pointe le bout de son nez, Eboué propose un slam, Ngijol lui suggère une entrée digne de ce nom…qu’à cela ne tienne…Eboué revient en boitant, titubant, traînant sa jambe derrière lui…il ajoute « ceux qui rigolent sont des enfoirés ! »
« Merci Papa, merci Maman,
Je nage comme un noir, je cours comme un blanc
Merci Papa, Merci Maman,
J’ai un gros nez de noir, et …
» (il nous laisse deviner la suite...) ; rajoutant « et là ceux qui rigolent encore sont des gros enfoirés ! » Fou rire général et applaudissements prolongés !

Au final, une soirée en Or, illuminée par ces deux diamants bruts du stand-up !

 

 

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