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Showgirl au Théâtre du Nord

Du 29 septembre au 1er octobre 2022, le Théâtre du Nord accueillait Marlène Saldana et Jonathan Drillet pour leur spectacle Showgirl inspiré du film de Paul Verhoeven.

UNE PIÈCE TIRÉE DU FILM DE PAUL VERHOEVEN

La pièce s’inspire du film Showgirls de Paul Verhoeven sorti en 1995. Une vague de haine déferle sur le film qui est considéré comme l’un des plus gros navet de l’histoire du cinéma et l’actrice principale, Elizabeth Berkley, est très critiquée. Il connaît un tout nouvel écho grâce à sa réhabilitation en 2016. Paul Verhoeven raconte la course au rêve américain à travers l’histoire de Nomi Malone, une danseuse de 22 ans qui veut faire sa place à Las Vegas. Le film et le spectacle interrogent notre société de plus en plus puritaine, notre désir du retour à l’ordre moral en y faisant presque l’apologie du scandale. Ils ironisent l’envers du décor du rêve américain par une caricature de Las Vegas et des dialogues prosaïques.

Showgirl, UN SPECTACLE OSÉ À L’ESTHÉTIQUE KITSCH

Marlene Saldana interprète Nomi Malone dans un solo libre et osé aux paroles obscènes. Parmi les strass et les paillettes, le rêve américain est ici perverti par un producteur imbécile, libidineux et brutal, par une marchandisation du corps de la femme ainsi que par la violence que suscite le milieu. Un lustre géant en forme de phallus et un volcan-mamelon en ébullition prêt a rentrer en éruption domine la grande salle du Théâtre du Nord. L’esthétisme du spectacle est glossy mais L’utilisation de la scénographie est presque trop imagée.

Tout comme le film de Paul Verhoeven, le spectacle est à prendre au deuxième degré. Autrement dit, il faut accepter d’emblée l’agitation extrême et le non-sens assourdissant. Malheureusement le jeu est souvent inégal et la musique techno punk de Rebeka Warrior est plus fatigante qu’électrisante ce qui ne permet pas de rentrer pleinement dans l’univers kitsch et ringard que propose la pièce. Les dialogues entre Marlène Saldana et Jonathan Drillet en machiniste drag-queen, offrent en revanche, des moments de drôlerie poétique.

On peut reprocher au spectacle son apparente vacuité et son trop plein d’artifices, mais c’est de cette manière qu’il dénonce l’artificialité vendeuse de Las Vegas et la cruauté qui se camoufle derrière le rêve américain.

Photo : © Thomas Hennequin

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