Ce spectacle se déroule dans une ambiance des plus intimes : dans la petite salle du théâtre, assis sur un banc, debout devant un micro ou depuis leur fauteuil roulant, sans aucun décor, sur un fond musical sobre, avec un écran qui projette des images de nature, trois personnages viennent livrer aux spectateurs leur expérience de la vie et de la sexualité.
Fondé sur l’intrigue de L’amant de Lady Chatterley, ce spectacle fait figure de confession, d’aveu public ; chacun nous donne ses réflexions, nous fait découvrir le chemin mental qu’il a suivi : le garde chasse solitaire et touchant de timidité, le mari désabusé affirmant que la vraie intimité se trouve au-delà de la sexualité, et enfin Lady Chatterley, une femme qui découvre peu à peu son corps et qui apprend avec surprise et confusion les émotions qu’il peut lui procurer.
La pièce est parcourue par une interrogation sur le rapport à l’autre, mais surtout sur le rapport que l’on peut entretenir avec son propre corps, avec sa sexualité. Ecrit avec une veine acerbe parfois mais d’une grande pertinence et d’un humour certain, ce spectacle intimiste nous fait traverser des phases de rejet, d’attirance, de répulsion, entre un retour primitif au corps et à la puissance sexuelle pour LadyChatterley et un éloignement progressif de la matière pour son mari, intellectuel qui se réfugie dans le monde des idées.
Le texte est joué avec justesse, on ne peut qu’être touché par l’efficacité de l’interprétation ; toutefois, on peut regretter la lenteur ambiante qui gouverne tout le spectacle ; certes, elle est favorable à cet esprit de confidence, mais elle peut devenir lassante, on attend jusqu’à la fin un sursaut d’énergie, de dynamisme.
Un spectacle de qualité donc, qui s’adresse cependant à un public averti, prêt à se saisir des nombreux silences pour s’interroger sur lui-même au cours du spectacle.
Texte et mise en scène de Antoine Lemaire
