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Youpi Yeah à la Maison Folie Wazemmes

Dépression, stress et autres maux psychologiques sont le fléau de nos sociétés contemporaines. Qu’en est-il des villes ? Peuvent-elles, elles aussi, développer de telles pathologies ? Eh bien, la réponse est…oui. C’est face à ce constat alarmant qu’est née, en 2008, l’Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine sous l’impulsion de Laurent Petit, ancien ingénieur devenu comédien et psychanalyste à ses heures perdues. Science inexacte oscillant entre poésie, psychologie et urbanisme, sa principale mission est de coucher sur le divan les villes névrosées. « Nous analysons les villes comme des personnes à la seule différence que ces dernières n’ont pas plus de 2000 ans d’existence » note le psy d’un nouveau genre. "Il s’agit de savoir comment les villes arrivent à appréhender certains traumatismes relatifs aux changements d'époques" poursuit-il. Par exemple, dans l’espace public, cela se traduit par la présence de friches industrielles et commerciales laissées à l’abandon. Et c’est là que Laurent Petit et son équipe interviennent pour administrer un traitement urbain de choc afin de garantir aux villes un véritable épanouissement.

Depuis sa création, l’ANPU a déjà œuvré pour une vingtaine de villes : Vierzon, Béthune, Aubagne, la zone de l’Union situé entre Tourcoing, Roubaix et Wattrelos, Cergy-Pontoise… mais aussi pour des départements comme les Côtes d’Armor ou la Drôme. L’initiative déjantée de ce collectif d’architectes séduit par delà les frontières et s’est déjà exportée en Angleterre, au Danemark et en Suède. La thérapie urbaine de Laurent Petit se décline en plusieurs phases. Dans un premier temps, le psy et un agent de liaison se déplacent dans l'agglomération malade pour rencontrer experts, élus et archivistes. Ensuite, l’ANPU se tourne vers les résidents et instaure une "opération divan" où ces derniers sont soumis à un questionnaire chinois : « si la ville était un végétal, une musique, un alcool,… ». Une fois la problématique ciblée, les architectes de l’agence, sous la houlette de Charles Altorffer, s’affairent à trouver des alternatives pour rendre la vie en ville plus agréable. Enfin, la restitution se tient, généralement, dans les salons de l’Hôtel de ville sous forme d’une conférence qui prend l’allure d’un numéro clownesque.

Leurs études empiriques donnent naissance à des projets futuristes pas si absurdes qu'on pourrait le croire. Plusieurs exemples le démontrent. C’est le cas des transports hors du commun qui viseraient à laisser la voiture au garage pour préférer les Tapis Roulant à Grande Vitesse. A l’heure où notre société s’embourbe dans l’individualisme, Laurent Petit propose l’implantation de « Hug Center », espace public dédié à tisser du lien social. Les cimétières festifs, quant à eux, nous apprendraient à quitter ce monde dans la bonne humeur. Autre idée ingénieuse, réhabiliter les carcasses de voitures pour y cultiver fruits et légumes ou les vieux bateaux amarrés pour en faire des logements comme cela l'a été prescrit pour la ville de Port Saint-Louis.

D’ici 2013, l’ANPU prévoit d’analyser le subconscient du monde entier pour en présenter les conclusions le 24 décembre à 23h devant le siège de l’ONU à New-York. Le tout autour d'un bon vin chaud. En attendant, ces globes trotteurs farfelus projettent de s’atteler à la ville d’Hénin Beaumont et de franchir le détroit de Gibraltar pour soigner Alger.

"Youpi Yeah" est visible jusqu'au 15 mai à la Maison Folie Wazemmes. 
http://www.lillelanuit.com/fiche_culture/Youpi_Yeah-51481.html
 

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