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Barcella & Koumekiam à l’Antre 2

Le festival Antra'zik, organisé par l'université de Lille 2 accueillait dans la jolie petite salle de l'Antre 2, deux artistes assurément poétiques et plein d'émotions, Barcella et Koumekiam.

Une soirée annoncée complète depuis plusieurs jours, le public se presse donc à l'entrée pour retirer les réservations, et quelques-uns essaient de grapiller les places dans les escaliers ou à l'entrée, il n'y a pas de doute la soirée à venir est attendue !

La première partie de la soirée est assurée par Koumekiam. La scène se couvre de fumée et le jeune homme entre accompagné par son guitariste.
Koumekiam prend place devant nous simplement, derrière son pied de micro, et nous offre un spectacle à mi-chemin entre le théâtre et une histoire contée.
En effet, Koumekiam entame son show façon « slam » avec des expressions profondes, l'histoire d'un roumain décidant de partir pour la France, et nous raconte les problèmes qui l'accompagnent.
Il parle vite, puis se reprend. Il vit ce qu'il raconte, le public boit ses paroles et ne laisse aucun mot s'échapper.
Tout son spectacle suit la même trame, il bouge d'un endroit à l'autre de la scène selon les parties de son histoire, captive son public par son regard profond et ses expressions pleines d'émotions.
Son guitariste assure le fond de l'histoire avec des sons grinçants, inquiétants, ou au contraire plus rassurants.
Enfermé dans sa bulle, ce dernier se penche sur ses pédales pour ajouter une couche de drame à l'histoire qui nous est contée à côté, et se libère parfois sur quelques notes plus poussées, avant de s'enfermer dans un nuage de fumée quand les lumières se baissent.
Le temps d'un morceau, il emprunte une guitare acoustique pour un morceau arpégé plus chansonnant. Silencieux et écarté, il obtient toutefois toute l'attention du public.
Koumekiam emballe ses spectateurs sur un sujet dramatique mais amené de façon humoristique avec son TEG, le « taux d'éclatage de gueule », comme un concours entre tous les hommes pour élire les plus malheureux, ceux qui ont le plus soufferts, entre discrimination, guerres, violence, pauvreté...

Son slam a entamé la soirée avec brio et emporte l'approbation complète du public qui le félicite chaleureusement.
Mais très vite il est l'heure de changer de décor. Le piano est rapproché sur le devant de scène, et nous retrouvons Barcella.

Le grand Barcella, qui a déjà foulé les planches de l'Aéronef de Lille il y a peu lors du festival « Le père Noël est-il un rocker » aux côtés de Oldelaf & Monsieur D et de As de trèfle. C'est d'ailleurs lors de ce festival que nombre de personnes présentes ce soir-là l'ont découvert. Cependant, la configuration est toute différente ce soir, ni violon, ni accordéon, mais juste Barcella et son pianiste, Thibault.

Barcella entre en scène, dans la simplicité qui lui est propre, et entame la soirée avec ses Barcella.
De nouveau, le public est plus que conquis. Il prend un plaisir fou tant à chanter qu'à jouer de son personnage. Barcella est un poète. Il dépose des mots d'enfant sur un piano aux notes délicates.
Un « léger » syndrôme de Peter Pan, c'est vrai que notre grand enfant a du mal à grandir.
Mais c'est ce qui fait le charme de ses chansons.
Très vite il s'échappe de son micro et profite de sa proximité avec le public pour lui offrir quelques chansonnettes en acoustique. Plus libre, il enchaîne avec le « Mr propre » aux dernières notes un peu mysogyne et se rattrape avec « Mademoiselle », dont l'annonce fait pousser un « ahhhh » de soulagement aux femmes du public, sur lequel il rebondit aussitôt et demande à filmer la situation « pour la comm ! », ce qui plaît au public qui joue le jeu avec entrain.

Avec sa « queue de poisson », contant l'histoire – qui n'engage pas le narrateur malgré l'emploi de la première personne, assure-t-il – d'un jeune homme aux attributs masculins sous-développés souffrant de ses camarads de classe, Barcella fait monter la température encore d'un cran ! Les rires se mélangent aux sourires enfantins nés sur les visages de l'assemblée, nous voilà entièrement plongé dans le fabuleux monde de Barcella à présent.

Le rémois enchaîne ensuite quelques titres de son premier album, et nous offre de nouvelles compositions toute aussi réussies les unes que les autres.
Un mélange de slam, de poésie, de drame et de cirque. La formation avec son seul pianiste et la petitesse de l'Antre 2 offre une proximité exceptionnelle avec le public, appuyée par le très bon travail du technicien des lumières, remercié à de nombreuses reprises.

Avec sa queue de pie et ses baskets aux pieds, Barcella nous dépose quelques gouttes de quiètude dans un monde inquiétant. Il semble effrayé autant par le fait de grandir que par des « Monstres » qui ont habité son enfance.
Il joue avec les mots, il joue avec les émotions, il joue de son phrasé bien particulier qui fait de la vie de tous les jours une histoire dont on s'empreigne volontiers.
Le public ne lâche pas les lèvres de Barcella une seconde, réagit au moindre mot, et refuse de le laisser partir en si bon chemin en fin de concert, après pourtant un bon rappel. Quelques morceaux supplémentaires, des nouveautés, même un inédit « jamais sorti de la chambre » des morceaux joués avec Thibault au ukulélé, et Barcella à la guitare.
Puis Thibault s'échappe sur le côté, muni de son appareil photo pour immortaliser cette fin de concert, et Barcella se retrouve seul face à son public avec son ukulélé, et nous offre quelques mots de plus. Il semble aussi attaché à son public que son public à lui, et rien ne semble pouvoir terminer cette soirée « entre amis ». Barcella se fait prendre en photos sur scène, devant son public, et clôt son spectacle en artiste qu'il est, « puisqu'il faut bien se quitter ».

À la sortie, dans le hall de l'Antre 2, on le retrouve avec Koumekiam, tout deux vendant leurs albums, ceux-ci partent comme des petits pains, surtout pour Barcella, qui est ravi de pouvoir échanger quelques mots avec ceux qui auront le courage d'avancer dans la foule et d'aller lui tenir la conversation. Un artiste adorable et curieux tant sur scène qu'en dehors, les yeux pétillants d'innocence comme ceux d'un enfant.

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