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Eiffel, Da Silva & Automatiq au Splendid

Le Splendid au diapason du rock français.

Accueilli par un drapeau des Paradis Artificiels, le public s’engouffre dans le Splendid. C’est devant une salle peu remplie que la soirée débute à l’heure, à 19h50, avec le groupe Automatiq, au style électro-rock. Sur scène, le chanteur Eddy est accompagné par David et Fx avec leurs guitares électriques. Ils débutent avec «La conjuration des imbéciles» qui n’enthousiasme pas. Le groupe semble stressé, et va jusqu’à faire un faux départ sur l’un de leurs morceaux. Des sonorités flirtant avec la musique d’Indochine, ils enchaînent avec leurs titres «Johnny qui Nicolas quoi», «J’aimerais toujours», «Les violons tirent sur les guitares». Peu à peu, le groupe prend ses marques et gagne en assurance. L’un de leurs titres phare «Ton serial killer préféré» résonne dans la salle et commence a suscité quelques réactions au sein de l’assistance. Dans une note plus optimiste, ils jouent énergiquement «Les perdants ne sont jamais magnifiques». Sur le titre «L'absurdité du monde», le chanteur déclame une phrase des plus énigmatiques : «Si les flamants roses sont roses c’est parce qu’ils mangent des crevettes, par conséquent si les crevettes roses sont roses c’est parce qu’elles mangent des flamants roses, c’est aussi simple que ça». C'est sur ce titre que le groupe quitte la scène, sous les applaudissements d'un public plus chaleureux qu’à leur arrivée.

Peu convaincu par Automatiq, le public attend plus que jamais Eiffel, mais entre temps, les techniciens préparent la scène pour Da Silva. Un bruit sourd retentit, on apprendra plus tard de la bouche du chanteur que c’est l’alto de son musicien qui vient d’être « cassé » par un technicien chargé de son réglage…

20h50, Da Silva fait son entrée, accompagné de ses musiciens et de leurs instruments : Sébastien et sa guitare électrique, Raphaël et son violon (à défaut d’alto…), Jérôme à la trompette et clarinette, et enfin Bertrand à la basse et clavier. D’entrée de jeu, Da Silva harangue la foule et l’incite à participer en applaudissant. Le public s’avère dès lors plus réceptif que devant Automatiq. Il faut dire que la salle s’est entre temps remplie de quarantenaires qui semblent venus exclusivement pour la prestation du chanteur, qui a déjà acquis une certaine notoriété. Ce n’est pourtant pas avec une chanson qui passe sur les ondes qu’il débute son tour de chant. Entre musique manouche et pop-rock, Da Silva entonne  «Tant que tu es loin», chanson issue de son second album, «De Beaux Jours à Venir». Les fans se font entendre et entraînent une partie du public à danser. La « contagion » se poursuit avec «Le carnaval», le dernier titre de Da Silva, joué de manière plus percutante que la version originale. Une agréable surprise. Il poursuit avec des ballades «L’averse» et «Les inséparables» aux accents plus mélancoliques. Le chanteur joue avec ces écarts de tons en reprenant avec énergie «La route», chanson qui fait la part belle à la trompette et à des sonorités joyeuses. Da Silva poursuit, et c’est avec une certaine motivation qu’il se lance dans une nouvelle interprétation de « la » chanson qui l’a fait connaître au grand public, «L’indécision». Le chanteur étonne encore en optant pour une cadence plus percutante, donnant une dimension plus dramatique au texte et à la version radio maintes et maintes fois entendue. Un live intéressant donc, car Da Silva a pris quelques risques et a su s’adapter au public, plus animé par le rock que par la chanson française. Après les titres «Au moment des amours» et «De là-haut», il entame un solo dans un premier temps, avant de rappeler ses musiciens. Voulant prolonger le rappel, il est interrompu par les organisateurs : les directives et les contraintes de temps liées à l’organisation du festival l’obligent à quitter la scène, ce qu’il fait après un ultime salut. Il faut dire qu’à ce stade-ci, on comptabilise déjà 1 heure de retard…

Dès lors, on assiste à une désertion massive du Splendid : le départ de la majorité des spectateurs venus voir Da Silva… Et Eiffel ?? C’est un public plus jeune qui prend place pour finalement occuper entièrement l'espace et attendre fébrilement l’arrivée du groupe. Il faut dire qu’à chaque concert du groupe, leurs fans baptisés les Ahuris débarquent en trombe : la moyenne d’âge est d’environ 25 ans. Romain Humeau, chanteur et auteur-compositeur du groupe, ne tarde pas à se montrer car il effectue lui-même ses réglages de micro. Il prévient également le public de la gêne occasionnée par une voiture stationnée devant le véhicule de la personne chargée des catering. Après ce petit intermède, l’attente se prolonge jusqu’à 22h30 environ. Enfin, les lumières s’éteignent, les fans trépignent, la salle retient son souffle, Eiffel entre en piste. Et quelle entrée ! En pleine tournée pour présenter leur nouvel album «A tout moment», Eiffel a visiblement décidé de faire vibrer le Splendid.

L'atmosphère change dès que le premier morceau, « Minouche » retentit. Une effervescence s’empare de la fosse. On reconnaît facilement les fans ultimes avec leurs danses groupées. Immergé dans des volutes de fumée, Eiffel impose d’entrée de jeu leur rythme délirant, porté par la voix puissante et rageuse du chanteur qui assure le spectacle. Il donne la cadence en incitant le public à applaudir : il s’approprie le geste, en faisant claquer ses mains de chaque côté de sa tête. C’est avec cette ambiance instaurée dès le début de leur concert que le groupe communique son énergie débordante. Enchaînant avec «Le cœur Australie» et «Saoul», les fans semblent plus que jamais envoûtés. Par ailleurs, c’est à travers le rythme de cette dernière chanson que l’on reconnaît une des grandes influences de Romain Humeau, à savoir les Pixies, qu’il écoutait dans sa jeunesse. Le chanteur décide sur ce titre d’enlever la musique et de laisser le public donner le rythme, ce qui donne une interprétation du morceau unique et diablement efficace.

Gérant bien les transitions, le groupe investit la scène dans son ensemble. Après «Ma Part d’Ombre» qui offre une belle mise en scène avec les jeux de lumière, Romain Humeau prend le micro : «Nous y voilà enfin». C’est avec ces quelques mots et les premiers accords que le public reconnaît la chanson et le titre du dernier opus, «A tout moment la rue». Sur ce titre, le chanteur semble en transe : le public scande le « non » qui ponctue la chanson à plusieurs reprises. Dans la fosse, quelques personnes s’essayent au slam, avec plus ou moins de succès. Avec fougue, Romain Humeau s’emporte dans un délire « rock progressif », parlant de sa professeure de maths et des formules apprises par coeur. Et c’est avec cette « folie créatrice » et une bonne dose de rock qu’Eiffel finira de marquer les esprits en ce second soir des Paradis Artificiels. C’est devant un tel concert que l’on prend conscience que le bon rock français se fait de plus en plus rare… Eiffel est un groupe qui sait être cash sur scène, avec de très beaux textes et un bon son en prime, très classe en somme.

Déçu par Automatiq, surpris par Da Silva et épaté par Eiffel, le public sera passé par toutes les émotions pour ce second soir des Paradis Artificiels.

En parallèle, la soul était à l’honneur avec Ben l’oncle Soul et Oceana qui se produisaient au Grand Mix de Tourcoing. Pour les amateurs de New Wave/Pop /Folk, il fallait se rendre sur Lille : en effet, les groupes Nouvelle Vague, An Pierlé & White Velvet et Amélie allumaient le Sébastopol.

Vidéo d'Automatiq aux Paradis Artificiels

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