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Festival Vision d’1 Autre Industrie – Jour 1 – The Names, Charles de Goal, Guerre Froide, Object

La Mare Aux Diables est un endroit spécial. Perle rare à la programmation lorgnant très régulièrement vers le punk, le goth, le métal et tout ce que vous voudrez de sombre, elle fait office d'ovni dans la campagne de Tournai depuis plus de vingt ans. D'ailleurs, y accéder - en voiture, forcément - a quelque chose qui vous fait soudain penser "ça y est, je suis dans Les Envahisseurs", les apparitions en moins. Implantée à Templeuve, cet ensemble est en fait une ancienne ferme rénovée en 1987 pour devenir un bar et en 2008 s'est dotée d'une salle de concert installée dans la Grange.

C'est dans ce décor que se déroulait le fort bien nommé festival Vision d'une Autre Industrie pour sa deuxième édition, après le succès du premier essai à Villeneuve d'Ascq l'année dernière. Soit huit concerts de post-punk belge et français, co-organisés par d'une part Nordwaves, formidable base de données sous forme de site internet consacré aux musiques cold wave, gothique, inustrielles, new wave et punk dans le nord de la France et d'autre part les labels indépendants Brouillard Définitif (Guerre Froide, Excès Nocturne, Ligne d'hiver, ...) et Str8line Records (No Tears, Neutra Project, Buzz, Jacquy Bitch, ...).

Le vendredi a commencé très fort avec un public venu en nombre assez important, attiré majoritairement par Charles de Goal et Guerre Froide, recette efficace en 2008.

Un peu avant 21h arrive Object. Si on a les a déjà entendus lorgner vers l'electro-indus, ils affichent définitivement un goût marqué pour les guitares bien noisy, qui attaquent sévère (ça n'est pas M150 mais c'est rudement bon), à l'instar de Friend Of Mine, qui fait décoller le concert avec un son plutôt proche de Sonic Youth. Oublié le cliché "post-punk = coldwave", il s'agit bien d'un showgaze puissant. Ils sortent cette année A Place To Hide, fabuleux premier album, et en présentent donc plusieurs extraits, dont le popeux Supersonic Years, le froid et violent White Dress ou la pure merveille Broken Window. Le live se fait curieux mélange, quelque part entre The Young Gods et Bowie. La réalité disparaît quelque part dans cette violence sous-tendue et le show finit en beauté par l'éclatant Reach The End, Miss The Point. Un peu court ce set - sept morceaux -, on en aurait bien repris un peu.

Mais Guerre Froide arrive assez vite sur scène, résoud divers problèmes matériels et débute un concert plus qu'honnête qui ne laisse pas de place à l'ennui. Des morceaux récents (le petit dernier Nom, qui annonce le nouvel album, ou encore le génial Saint-Ex) et des classiques comme le magistral Demain Berlin. "Abrutissons-les" clame Yves Roger et aussitôt démarre Abrutir qui clôt la première partie du concert avant le rappel, composé d'Espérance, d'Ersatz et de leur version réarrangée de Shadowplay (de vous-savez-très-bien-qui). Pas le meilleur concert de Guerre Froide mais largement bon, même si côté setlist on aimerait entendre encore plus de neuf (Planète Hurlante par exemple qui avait bien marché à la Rumeur en janvier). On a tout de même peine à croire que le concert a atteint une heure !

Charles de Goal va ensuite tout ravager sur son passage. Ca devient une habitude et Restructuration, sorti l'année dernière, scellait cette puissance sur disque. Le concert débute avec des morceaux d'Algorythmes : Radio On, Frédéric, l'époustouflant Dans le labyrinthe et Synchro. Le public un peu habitué rentre donc directement dans le concert, pas surpris, complètement pris au jeu. Le groupe enchaîne ensuite avec un des meilleurs morceaux de Restructuration, Passion / Eternité. On peut ensuite constater que Décadence se révèle un peu moins ravageur que sur le disque mais génial pour danser et ça commence à s'agiter sérieusement dans la foule. Hais-Toi, carrément punk, a son petit succès et achève de convaincre les éventuels indécis avant un retour plus electro-rock. Plus pop, Technicolor précède Hop Hop Hop Hop. Et l'assistance prend au pied de la lettre le "la tête tourne, c'est normal, on saute partout". Pur bonheur de retrouver Kling Klang pendant le rappel, plutôt minimaliste, clos avec Régularisez-moi. Bon les mecs, vous êtes gentils, maintenant vous vous dépêchez de sortir un live, merci (comment ça "je rêve tout haut" ?!).

Après un tel concert, The Names va donc peiner à trouver son public. Les Belges sont à la fois mythiques et inconnus. Ayant marqué leur époque par leur signature chez Factory (le mythique label de Joy Division), leur collaboration avec Martin Hannett fut marquée par Night Shift. Puis après plusieurs années de bons et loyaux services, il disparurent de la circulation jusque 1997 avant un retour sur scène en 2007 et un nouvel album à sortir. Après un début un peu mou, Michel Sordinia remarque que dans la foule sont présents un peu tous les âges et annonce "certains n'étaient pas nés à l'époque de ce morceau". Débute ainsi Calcutta, avant une évadée récente pop, I Liked You Better When You Were Dead, très efficace en live. Après Light, le mélancolique Nightshift et, les larmes aux yeux, on part en 77, ayant vécu ou pas cette époque ("ceux qui n'étaient pas nés pour Calcutta l'étaient encore moins à cette époque", ce qui n'empêche pas d'adhérer pleinement). L'émotion est complète avec le somptueux I Wish I Could Speak Your Language et un extrait de Swimming, The Astronaut. Le groupe revient pour une seule chanson en rappel, un peu amers "on peut avoir raison en petit comité". Ils closent leur set par une reprise de Heaven des Psychedelic Furs. Une bien douce parenthèse pour terminer cette soirée folle furieuse.

En bref, une affiche parfaite, qui laisse un goût de trop peu. Ca tombe bien, le festival se déroule cette année sur deux jours ! Reportage à suivre, donc...

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