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GreenShape + Syd Matters + Yann Tiersen au Splendid – Paradis Artificiels

Une fois n’est pas coutume, l’équipe d’A Gauche De La Lune nous a encore gâté cette année avec sa programmation des Paradis Artificiels bien plus qu’artificielle : Pendant qu’on fêtait l’Eté 67 à la Péniche, et qu’on prenait un bain de Jouvence à la gare St-Sauveur avec l'expo Histoire naturelle par Carton Park, on pouvait aussi se délecter d’une soirée concert avec trois artistes aux univers bien différents réunis pour l’occasion sur la scène du Splendid de Lille.

En tête d’affiche Yann Tiersen, entamant son retour en France avec quelques dates de concert dans l’hexagone, l’interstellaire Syd Matters et ses musiciens qui ne le sont pas moins, et le chanteur Folk Greenshape originaire de Valenciennes. On est d’ailleurs pas étonné de retrouver ce soir Syd Matters aux côtés de Yann Tiersen, quand on sait qu’il a participé au dernier album en date de Yann intitulé « Dust Lane » et sorti 2010.

Un beau mélange des styles dans cette soirée triple concert, que l’on retrouve dans la diversité du public de ce soir, pour le moins intergénérationnel : Dans la fosse, on entend autant parler des dernières tendances du web 2.0 que de l’évocation de Dire Straits et autres groupes mythiques des années 80, ponctué d’un « Ah, s’ils se reformaient, je les suivrais partout… »

C’est dire si le public de ce soir avait des allures de réunion de famille avec les enfants, les parents, et peut-être même leurs parents.

Mais chut ! Il est 19h30 et les propos de ce quarantenaire nostalgique sont interrompus par les premiers accords de guitare émanant de la guitare de Greenshape

De la ballade Folk servie sous la sobre enveloppe « Guitare / voix » mais quelle voix ! Les chansons parlent d’elles-mêmes et transpirent de vérité : histoires de cœur, amours perdues … rien que du vécu et cela se sent dans la sincérité et le charisme dénué de tout artifice que nous délivre le set de Greenshape.

Une prestation de qualité mais accueillie par un public frileux et peu réactif, malgré un bataillon de supporter dans les gradins qu’on imagine venu tout droit de Valenciennes.

Il chante seulement 6 chansons et balance un « Allez celle-ci, c’est la dernière, après je me tire, promis ! ». Le personnage ne manque pas d’humour, et conclue son set par un classique mais classieux « C’était Greenshape ».

On s’en souviendra.

Retour à la réalité pour l’entracte. La salle est déjà plus remplie qu’au début pour l’arrivée de Syd Matters. Sur scène, l’équipe technique s’active, et les guitares vintages se multiplient.

Il est vingt heure et Syd Matters entame son set qui durera une heure, d’une richesse et d’une intensité inouïe : des déferlantes harmoniques et psychédéliques dignes d’un concert de Radiohead, entrecoupées par les apparitions lumineuses et épurées de la voix du chanteur Jonathan Morali, comme une ligne directrice qui se fraye un chemin dans cet objet sonore non identifié.

L’ensemble du set de Syd Matters joue sur ce contraste : on est à la fois bercé par le côté folk intimiste et embarqué vers d’autres dimensions avec les grandioses explosions sonores qu’ils font subir à leur musique. Décidemment, les musiciens de Syd Matters savent mêler les styles, et les canaliser vers une intensité et une richesse musicale qui prend toute son ampleur sur scène.

L’ambiance monte d’un cran avec des morceaux qui bougent, et de toute évidence attendus et reconnus par le public si on en croit les réactions enjouées dès les premières notes d’intro. Ils quittent la scène en laissant dans la salle, sous le choc de leur passage, un public enthousiaste et avide d’en découdre avec la suite : Yann Tiersen.

Mais là, la sauce ne prend pas, ou pas tout à fait : résolument orienté vers un set plus rock et plus électrique, c’est armé de son violon qu’il entame les premières notes … s’enchaînent des morceaux principalement tirés de son dernier album en date « Dust Lane » : « Palestine, F*** me », Dust Lane, Till the end », des morceaux à l’énergie brute et aux mélodies enivrantes mais il manque ce « je ne sais quoi » qui donnerait la réelle intensité et l’ampleur que mérite pleinement de telles compositions.

Sur scène, Yann et son groupe semblent pourtant en transe, dans la même symbiose orchestrale, mais qui n’atteint pas les sommets escomptés, comme si le public n’était que le spectateur et pas l’acteur à part entière de la scène qui se déroule sous ses yeux.

On est quand même transporté par certains moments, dont le point culminant reste celui du classique « Sur le fil » joué au violon seul face au public.

Tout au long de son concert, l’homme parle peu avec son public, ce qui n’empêche pas un sentiment de proximité de se créer entre les deux.

Fin de concert : on a le droit à une unique chanson en rappel, réclamée par un public à moitié-convaincu : il s’agit d’un titre résolument orienté rock qui sortira sur son prochain album « Skyline », prévu pour Juillet 2011. On sait donc à quoi s’attendre pour la suite de la carrière de Yann Tiersen.

Un bilan en demi-teinte pour ce concert, à l’issu duquel on a presque envie de dire « C’est dommage », car l’impression d’avoir assisté à un concert d’un compositeur génial mais qui n’a pas tenu toutes ses promesses.

Syd Matters - Everything Elses


 

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