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[Jazz en Nord] Enrico Pieranunzi au Conservatoire de Lille

Pour le 20ème festival de Jazz en Nord, l’équipe organisatrice a choisi de faire revenir le grand maître italien du clavier. Nous sommes alors accueillis au conservatoire de Lille… Ce bâtiment à l’aspect froid et à l’architecture austère cache étonnement une salle alcôve décorée de manière classique et riche en dorures. La chaleur du plancher en bois, les teintes blanche, verte, rouge et dorée des murs et les lustres métalliques contemporains donnent un cachet contrasté au lieu.
Le décor étant planté… Place aux musiciens !!!
Le trio entre en scène : Enrico Pieranunzi sur son long piano à queue Steinway & Sons, Hein Van De Geyn à la basse et Hans Van Oosterhout à la batterie.
Le jeu commence… Leurs échanges ludiques explorent toutes les possibilités sonores des instruments poussés jusqu’aux limites mais toujours bien en rythme. Les instruments sont maîtrisés avec une telle technique, que libérés, ils en viennent à faire monter les notes jusqu’à l’âme.
Chaque morceau anime en nous un scénario. Les scènes défilent. On écoute la musique pour la première fois et pourtant on a l’impression de revisiter des choses déjà vues. Ca appelle la nostalgie. Les émotions sont diverses, le public est absorbé, contemplatif. La musique résonnent en leurs intérieurs.
Le début du concert nous présente des mélodies douces, sereines et légères; leur souplesse nous transporte. Puis les rythmes deviennent de plus en plus présents, les notes frappées, saccadées entraînent presque à la danse, à swinguer. Ca balance comme un battement sensuel. On peut alors s’imaginer dans un train de nuit, les rythmes varient comme si on entrait dans un tunnel et qu’on en ressortait tout ébloui par la lumière naissante. Ca s’accélère, ça ralenti, les phrases des instruments se répètent comme un leitmotiv.
Puis le registre change, ils jouent avec le silence, réveillé de quelques notes comme une conversation entre les instruments. Le piano répond, une nouvelle histoire s’enchaîne...
Quand on entend ce type de musique, on comprend pourquoi le jazz a été utilisé comme arrière fond sonore des films de la nouvelle vague des années 50-60.
Autant la musique a un côté lyrique, autant Enrico aime narrer. Très à l’aise, il intervient fréquemment. Même si le discours est en italien (et qu’on ne le comprend pas tous !), on pouvait facilement ressentir l’humour et l’émotion dans ces mots, tout comme dans son jazz.

Après des reprises (Les feuilles mortes de Prévert), des compos persos et 2 rappels, le concert s’est arrêté avec l’arrêt du train comme la fin d’un beau voyage.

Review : Aurélia - Lillelanuit.com

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