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Les Inrocks Jour 1 à Maison Folie de Wazemmes

_ La soirée est sensée commencer dès 19h... mais c'est avec plus d'une heure de retard que le premier groupe de cette première soirée d'ouverture du festival des INROCKS 2006 à Lille ouvre le bal, à la maison Folie de Wazemmes.

_ Une horde de lycéens, déchaînés, s'agite dès l'apparition des 2 membres de KENY ARKANA, un gars, une fille.
Lui, grand black nerveux, elle, toute jeune et menue pleine de rage, foulards blancs sur le chef, transmettent une énergie incroyable à la salle dès le premier titre.
Ils communiquent spontanément avec leur public, à grands coups de 'Wesh, ça va bien Lille? Vous voulez jumpez? alors dîtes ON EST LÀ!!!'... et l'auditoire de scander avec enthousiasme 'ON EST LÀ!!!'.

J'apprends par mon voisin de concert, qui n'est autre qu'un ami de Keny, que la rappeuse est marseillaise d'origine argentine, et qu'elle a déjà sévi au sein du groupe ÉTAT MAJOR... ma culture présentant trop de lacunes en matière de rap, ce nom ne m'évoque rien.

Les 2 MC's complices et leur DJ enchaînent titres 'posés' (surprenante et intéressante composition guitare-voix sur le titre reggae CLOUÉE AU SOL, dont les adeptes fredonnent déjà les paroles. Pour info, l'album de KENY ARKANA sort en ce mois de novembre - ENTRE CIMENT ET BELLE ÉTOILE - Wagram/Because), et titres plus violents et engagés, évoquant avec justesse des thèmes de société actuels (banlieues, intégration, violence...).
L'expression d'un mal-être mais surtout d'une profonde et sincère volonté de résistance se dégage de leur performance, il n'y a qu'à observer les veines saillir du front de Kenny quand elle s'exprime.
LA RAGE DU PEUPLE (titre en écoute sur le site du groupe http://www.keny-arkana.com/), LA RABIA DEL PUEBLO, est sans celui de leur set qui m'aura le plus marqué: une rage, dénonciatrice et constructive s'est véritablement emparée de la salle.

Presque 21h30, le temps de jeu qui leur est imparti sur le festival touche à sa fin... mais, à l'image du groupe qui n'a peur de rien, le set de KENY ARKANA se conclue par un acte de rebellion: malgré les tentatives de dissuasion des techniciens et ingénieurs du son, la (re)belle décide de chanter un dernier titre, dénonçant la politique de Sarkozy.
Le groupe sortira finalement de scène, acclamé par un public qui hue l'équipe technique pour avoir voulu écourter ce temps de partage.

KENY ARKANA fut pour moi une totale découverte.
Ils sont crédibles, les messages passent.

S'agissant certes d'un festival où les minutes sont comptées pour chaque artiste, il est quand même regrettable que les techniciens aient affiché cette attitude braquée face à ce titre imprévu qu'offrait KENY ARKANA a un public hyper-réceptif, qui présentait un caractère de mixité sociale et culturelle exceptionnel dans le cadre d'une soirée INROCKS...

Soit.

_ La soirée continue, plus 'INROCKS' que jamais.
Dans la pénombre des backstages, on aperçoit la silhouette de Joan Wasser, leader du groupe JOAN AS POLICE WOMAN... et un certain enthousiasme masculin est déjà perceptible!
Je ne connais que quelques titres de son dernier album, je sais qu'elle a déjà collaboré avec 'des grands' (Rufus Wrainwright, Anthony and the Johnsons, Lou Reed...), parcours prometteur, il me tarde de la découvrir en live.

Joan entre en scène, sexy.
Crinière sauvage, bottes à talon, ceinture, colliers, bagues, elle ouvre le set en solo par un morceau voix-clavier.

Frissons... je suis déjà conquise.

La belle boit une gorgée de thé, c'est alors qu'apparaissent sa 'mystérieuse' bassiste et son 'extraordinaire' batteur pour près d'une heure de concert.
Joan s'évertue à dialoguer avec son public, en accent français s'il-vous-plaît (j'hésite entre trouver ça 'charmant' ou 'too much'...).
Elle ponctue chacun de ses titres d'une anecdote, nous découvrirons ainsi son attrait pour les hommes... à lunettes, sur le splendide REAL LIFE, voix-clavier encore.

Joan Wasser dégage une sensualité incroyable (charmant? too much? J'attends des avis masculins!), elle alterne titres à consonnance tantôt folk, tantôt soul, allant parfois frôler le registre jazz, qui confère à la maison Folie une délicieuse ambiance feutrée de bar intimiste...

Les personnalités fortes des membres de JOAN AS POLICE WOMAN entrent pour beaucoup dans le charisme émanant du groupe: bassiste sombre tendance gothique, batteur extraverti en veste de cuir étriquée, chanteuse claquant sauvagement du talon sur certains titres... charismatiques, certes, mais très accessibles puisque Joan Wasser échange même quelques phrases avec une fan du public.

À part l'attitude souvent trop maniérée de Joan Wasser, ce concert de JAPW restera nettement le plus intense de cette soirée pour moi.
Quelques titres du groupe sont en écoute sur leur site officiel http://www.joanaspolicewoman.com/, et leur nouvel album REAL LIFE disponible chez Pias/Echo.

_ Petit rafraîchissement au bar pendant le changement de scène, ça se bouscule au comptoir et l'ouverture des bouteilles de vin rouge n'est pas le fort des serveurs ce soir!

Il est maintenant près de 22h30, la salle attend impatiemment les californiens de GIANT DRAG.
Boulon qui roule sous le tapis de la batterie, branchements disfonctionnels, câbles trop courts, on assiste à une entrée en scène distrayante et teintée de soucis techniques pour Annie Hardy (chanteuse et guitariste du duo), 5 techniciens s'affairent autour de la demoiselle pour permettre au duo d'attaquer leur set.

GIANT DRAG est une formation composée de 2 membres originaux, couple à la vie comme à la scène, nous venant de L.A, et proposant un son pop/rock grunge.
Pour preuve, on les place souvent dans la lignée de de MY BLOODY VALENTINE pour leurs accents 'rock sale', très 90's.

Faussement innocente, façon 'sainte n'y touche' (chevelure aérienne, regard clair enfantin souvent orienté vers les cieux, petites ballerines...), Annie profère de bien 'salaces' paroles (my dick sux, you fuck like my dad...)!
Cependant (problèmes de balance?), sa voix n'est pas clairement discernable.

Le couple, simple et provocant à la fois, me fait vaguement penser à celui de THE KILLS.
Lors de ce show mémorable, ils nous proposent une reprise, interprétation originale de WICKED GAME de CHRIS ISAAK.

23h passées, la salle est chaude, et tandis que sur scène Annie ôte son gilet 'par moitié' (une manche après l'autre, sur 2 titres consécutifs!), les gouttes perlent sur le front de son compagnon... ET COMMENT!
Jamais je n'ai vu de telle performance de batteur. D'ailleurs, résumer le rôle de Micah Calabrese simple batteur serait réducteur puisqu'il parvient de sa main gauche, à plaquer des accords sur un clavier (créant les 'basses' qui confèrent à GIANT DRAG ce style particulier)... FASCINANT, ÉPOUSTOUFLANT!

Déjà 23h40, après l'unique rappel de la soirée (festival oblige), Annie Hardy embarque, d'un naturel déconcertant, son sac à main capitoné, Micah Calabrese esquisse un timide signe de la main pour saluer une ultime fois le public, et GIANT DRAG disparaît furtivement.

Des infos et quelques titres sont à découvrir sur le site du groupe http://www.giantdrag.com/ et ici http://www.myspace.com/giantdrag, ainsi que sur leur album HEART & UNICORNS (import Gibert/Interscope).

_ À noter, le choix de la maison Folie de Wazemmes pour cette soirée des INROCKS, hors 'traditionnelle' Aéronef, est judicieux.

Celà tient sans doute également à la présence de KENY ARKANA, mais il était vraiment plaisant d'observer la diversité du public, moins stéréotypé que l'habituel et habitué auditoire 'rock' qui fréquente l'Aéronef.
De plus, la scène de la maison Folie a permis une réelle proximité entre le public et les groupes de ce soir.
En effet, le caractère plutôt 'intimiste' de la salle s'est prêté à merveille aux styles, bien que radicalement différents (rap, folk/blues, rock grunge), des artistes programmés.

Hop ! Demain soir, direction 'la traditionnelle' Aéronef pour un concert qui s'annonce très rock'n'roll.

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