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Les Nuits de l’Alligator : Black Rebel Motorcycle Club + Kid Karate + Dead Combo à l’Aéronef

> Retrouvez l'interview de Peter Hayes et Robert Levon Been de Black Rebel Motorcycle Club

Les Nuits de l'Alligator est un festival itinérant. Ca tombe bien, l'itinérance on aime beaucoup cela à LilleLaNuit.com, et quand le duo Dead Combo arrive sur scène, on les a déjà vus plusieurs fois, ce qui permet un point de comparaison toujours appréciable. "Nous sommes de New-York" précisent-ils à ceux qui les confondraient avec leurs homologues portugais. Ou plus exactement des Finlandais (le chanteur s'appelle Nuutti, un véritable concours de prononciation backstage) exilés à New York ayant accueilli une batteuse danoise dans leurs rangs des années auparavant. Leah Shapiro. La batteuse ayant été recrutée par Black Rebel Motorcycle Club, le groupe s'est arrêté, n'ayant repris à Londres que deux semaines auparavant en première partie de ceux qui leur avaient amputé un membre, en quelque sorte.

Depuis, ils n'ont plus qu'une boîte à rythme sur scène : "notre batteur ne se déplace pas" mais de temps en temps, une surprise apparaît, sous la forme de Peter Hayes ce soir, qui ajoute une guitare sur You Don't Look So Good. Globalement, il s'agit d'un rock brut, un peu crade, avec un chant tout aussi crade, entrecoupé de propos plus ou moins délirants de Nuutti sur au choix, une statue porte-bonheur ramenée de Berlin, la qualité de la bière ou les bars homosexuels. Une grosse marrade à laquelle tout le monde n'adhère pas mais qui distrait en tout cas le chalan sur toute la tournée de BRMC. Les membres du groupe sont très amicaux, l'ensemble reste juste, et certaines chansons sont même très réussies, à l'image de leur sublime nouvelle chanson, très planante et travaillée.

Suit Kid Karate, une première partie assez étrange pour BRMC mais néanmoins plutôt appréciée du public sur toute la tournée. Le groupe est également un duo : guitare et batterie. Le rythme est bon, la batterie plutôt correcte, mais le chant (et les paroles) manque encore de maturité. D'enthousiasme, par contre, Kevin ne manque pas, et il prend un malin plaisir à réveiller les éventuels spectateurs encore dans la torpeur d'une journée de travail grise. Les prestations ne se valent pas selon les soirs et celle de Lille n'est pas particulièrement bonne. Avec un peu de travail, cependant, ils devraient atteindre un bon niveau car les compositions sont plutôt entraînantes.

Suivent Black Rebel Motorcycle Club, à un autre niveau de composition et de paroles. Selon les témoignages, le concert de Dijon a été riche en surprises, et on espère bien avoir une setlist un peu similaire. Le concert commence très fort mais en douceur par la divine Fire Walker, l'un des morceaux les plus délicats de toute leur discographie, qui ouvre le dernier album Specter At The Feast. BRMC enchaînent ensuite sur Let The Day Begin, et Beat The Devil's Tattoo, une manière maligne de se mettre le public dans la poche, qui prend ce dernier morceau tel un nectar quel que soit le concert.

Pas question de faire baisser le niveau d'adrénaline et on enchaîne donc avec Rival et Hate The Taste, avant un morceau plus calme ayant rarement un effet calme, le classique Ain't No Easy Way. Très bonne surprise puisque le concert se poursuit avec l'irrésistible Stop. Robert Levon Been prend néanmoins le temps de remercier les fans, les gens rencontrés sur la route, les parents également rencontrés (!), et toutes les nouvelles têtes qu'ils croisent en France. Pas de langue de bois mais une vraie sincérité de la part d'un groupe qui prend souvent beaucoup de leur temps pour rencontrer les fans durant les tournées.

Moment émotion avec Returning, qui retourne généralement les tripes en laissant derrière elle la lancinante réplique "I will follow you till we all return / Till we know you'll carry us on". Mais on a à peine le temps de sécher une larme que Conscience Killer fracasse l'Aéronef.

BRMC adorent travailler les deux facettes, entre une douceur émotive et un rock brut. Le reste du concert va donc jouer sur ces deux tableaux à l'extrême, proposant le plus vieux White Palms, le récent et très émouvant Love Yourself, et le planant Some Kind Of Ghost, avant de repartir doucement avec le sublime Funny Ghost, tout en montée, et repartir sur du lourd, avec le très animal (charnel / sexuel, rayez les mentions ou ajoutez-en) Six Barrel Shotgun, le très connu Spread Your Love qui déchaîne les pogos et laisser l'Aéronef reprendre ses esprits durant un court entracte.

Ce concert-là est donc doux-brûlant, message reçu. Après l'entracte, on a un peu l'impression qu'on donne de la confiture aux cochons, tant ce qui suit intéresse peu une bonne moitié du public, visiblement venue pour les tubes. C'est ce qui vient à l'esprit quand démarre un délicat acoustique, l'une des chansons les plus poignantes de toute la discographie de BRMC, The Line.

Le groupe enchaîne comme tous les soirs sur Shuffle Your Feet, invitant le public à participer, avec les mains, le chant, whatever. Whatever, justement, Whatever Happened To My Rock'n'roll, conclut le concert dans un gros n'importe quoi. Rob descend même de la scène (cette distance probablement jugée scandaleuse entre le public et son espace  n'y étant pas pour rien) pour s'installer sur la barrière et y jouer la moitié de la chanson. Le sous-titre de la chanson étant punk song, et illustrant bien les coups de folie du groupe en live. Méfiez-vous du BRMC qui dort, il n'en sera que plus rock la seconde suivante.

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