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Les Nuits Secrètes – Jour 1 – Wax Tailor, Triggerfinger, Etienne de Crécy & more

Pour sa 9ème édition, le festival s'est à nouveau étendu sur trois jours avec un programme très varié, peu cohérent même diront certains. La ducasse traditionnelle présente des stands et des manèges à deux pas. Tout se mélange : on n'aime ou on n'aime pas mais le résultat est une affiche éclectique pour soixante-dix concerts répartis dans la ville d'Aulnoye-Aymeries, à quelques kilomètres de Valenciennes. Chacun peut y trouver son compte et c'est quand même l'essentiel pour un festival populaire, où la grande scène a délibérément été laissée gratuite.

Nouveauté cette année : le Cabaret du danger de 2009 est remplacé par Brutal Palace, un espace jouxtant le jardin dédié au rock pur et dur (le vrai, celui avec des muscles, de la sueur et pas mal de bêtise parfaitement volontaire). Soit une scène alternative présentant pour des sessions de trente minutes deux groupes lillois, Los Catchos et Château Brutal, mais également des invités. Beaucoup d'humour et du rock cradingue. Ainsi une soubrette vient distraire le spectateur tandis que les Lillois de Green Vaughan rejoignent Château Brutal pour quelques duos musclés. Si on avait déjà apprécié ces derniers auparavant, les quatre trublions restent fidèle à leur réputation : les morceaux sont travaillés mais l'énergie reste au coeur de la dynamique scénique. C'est très bon, et on espère pouvoir en reprendre une louche les jours suivants. Dans la journée, Part Chimp vient également prouver que la scène régionale est bien vivante.

Pendant que le jardin ouvre ses portes pour The Very Best, les Lords of Altamont ouvrent le bal sur la Grande Scène. Peu connus en France bien que tournant régulièrement en Europe, ils parcourent pourtant les routes depuis plus de cinq ans, cumulant à eux seuls à peu près tous les poncifs du rock'n'roll. A l'instar des Black Rebel Motorcycle Club, les Californiens jouent constamment sur l'image des bikers et à l'inverse des précédents semblent accorder une importance considérable à l'apparence. Ainsi : tatouages, vêtements serrés et lunettes de soleil vissées sur la tête. Musicalement, ils proposent des chants garage sur un son punk, tirant vers le psychédélique nouvelle génération par moments. Si les paroles ne volent pas forcément haut, l'ensemble n'est pour autant pas désagréable et les musiciens dégagent beaucoup d'énergie, à revoir de plus près.

Après eux, les Triggerfinger ont l'air sages, costumes et cheveux disciplinés. Et pourtant, le rock ne manque pas dans leur prestation, de celui qui coule brûlant dans les veines de celui qui l'écoute. Le trio d'Anvers, habitué longtemps aux petites salles, a bien grandi et délivre un show très rock. Au chant et à l'élégante guitare, Ruben Block, longs cheveux gris, barbe et sourire malin, véritable showman derrière ses airs de dandy calme. Le reste du groupe n'est pas en reste : derrière des lunettes de soleil se cache Paul Bruystegem à la basse. La batterie a été mise en avant, ce qui est toujours appréciable pour les amateurs, et derrière elle, Mario Goossens, un des meilleurs techniciens de Belgique, le prouve cette fois encore, malgré un microset de festival. The Tallest Man On Earth commence à jouer au jardin, mais on reste subjugué par la musique de Triggerfinger, qui réclame la participation du public. Celui-ci réagit bien malgré la lumière forte qui nuit à l'ambiance et le show s'achève sur un goût de trop peu.

Sur la grande scène, les Staff Benda Bilili arrivent peu avant 22h, tandis que les musiciens de Wax Tailor s'installent sur la scène du jardin. Un peu serrés, mais il n'y a pas tout un orchestre ce soir. Qui connaît la musique de Jean Christophe Le Saout n'est pas dépaysé : il mixe avec succès des samples divers et variés, des extraits de classiques cinématographiques, le tout sur un fond plutôt hip hop. Si le genre est devenu une mode, comme le prouve l'émergence d'artistes comme Chinese Man, Wax Tailor est particulièrement doué à ce jeu-là et la présence des musiciens justifie la prestation live, là où un "simple" mix serait ennuyeux à l'oeil. Wax Tailor travaille depuis le début du projet avec une chanteuse (Charlotte Savary), un ou une violoncelliste et a déjà à l'occasion collaboré avec des invités comme Sharon Jones. Et au cas où le spectateur s'ennuierait, des écrans de taille moyenne ont été intégrés dans le fond, l'oeil se baladant allégrement entre la console, les musiciens et ces panneaux lumineux. Côté setlist, les inévitables comme Say Yes mais également d'autres classiques comme Our Dance ou Slize/Que Sera.

L'ambiance est electro aussi grande scène mais sur un tout autre mode. De grands rideaux drapent une construction métallique qui, sitôt dévoilée, se révèle être un ensemble de cubes lumineux. Le procédé est gros mais enchante de nombreux clubbers qui se pressent devant Etienne de Crecy, l'un des piliers de la "french touch" avec Alex Gopher ou encore Pierre-Michel Levallois. C'est ainsi qu'Etienne de Crecy a rempli des O2 Academy au Royaume-Uni et s'exporte jusqu'au Mexique. Loin du Tempovision de la fin du siècle dernier, l'ambiance est plutôt house fêtarde. Si l'ensemble, lumineux, graphique, musical, est un peu plus classe que David Ghetta, il est néanmoins difficile de rentrer dedans après la délicatesse orchestrale de Wax Tailor. Quoi qu'il en soit, Etienne de Crecy domine la place, au centre d'une structure de neuf cubes, et paraît parfaitement à son aise devant une grande foule en plein air. L'endroit est en effet idéal pour une manifestation de ce genre, même s'il faut avoir envie de danser. L'idée est un peu de créer une mini-rave party au sein d'Aulnoye-Aymeries. Pour ceux que l'electro-house enchante, il est d'ailleurs possible de poursuivre au jardin avec Dat Politics, avant Jackson et Huoratron, ou d'opter pour un soundsystem dans les rues.

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