Nouveauté cette année : le Cabaret du danger de 2009 est remplacé par Brutal Palace, un espace jouxtant le jardin dédié au rock pur et dur (le vrai, celui avec des muscles, de la sueur et pas mal de bêtise parfaitement volontaire). Soit une scène alternative présentant pour des sessions de trente minutes deux groupes lillois, Los Catchos et Château Brutal, mais également des invités. Beaucoup d'humour et du rock cradingue. Ainsi une soubrette vient distraire le spectateur tandis que les Lillois de Green Vaughan rejoignent Château Brutal pour quelques duos musclés. Si on avait déjà apprécié ces derniers auparavant, les quatre trublions restent fidèle à leur réputation : les morceaux sont travaillés mais l'énergie reste au coeur de la dynamique scénique. C'est très bon, et on espère pouvoir en reprendre une louche le lendemain.
Après l'electro de la veille, on émerge un peu groggy devant Sleepy Sun, tandis que Shiko Shiko démarre sur la grande scène. Les Américains font du jardin un petit Woodstock en proposant un folk psychédélique qui n'est pas sans faire penser aux Canadiens de Black Mountain. Un show pas si calme que ce auquel on aurait pu s'attendre avec de très beaux détours quelque part dans un rock bien crade à la Sonic Youth. Une très belle découverte. Vismets, sur la grande scène, va se révéler moins passionnant. Groupe belge à allure parisienne, Dan Klein et ses accolytes proposent un rock alternatif qui n'emballe pas dès la première minute. Un peu baroque, des touches electro, bref dans le vent. Comme leurs compatriotes Piano Club, difficile de dire si leur musique plaît ou agace puisque les deux impressions se mélangent. On les laisse donc à leur sort en attendant de se faire une opinion plus tranchée et on va attendre d'autres Belges : The Black Box Revelation.
Aka BBR pour les intimes. Soit un duo qui pille Oasis à gogo, dans la voix, l'attitude, l'allure globale. En lorgnant beaucoup vers le blues et encore plus vers le garage que les Mancunians qui, avant de se séparer à Rock en Seine, avaient proposé un excellent album qui louchait plus sur le psychédélisme de leurs amis Kasabian. En deux albums les BBR ont en tout cas accumulé une belle collection de morceaux efficaces et même fichtrement addictifs. Le lieu est mal choisi pour en profiter - on les imagine beaucoup mieux dans une petite salle enfumée -, mais on en prend une bonne dose au cas où on ne pourrait les revoir avant un moment - Black Box Revelation tourne depuis la sortie de Silver Threats. Visuellement, ce n'est pour le moment pas extrêmement intéressant mais le son compense très largement. Après l'agacement lié à la hype entourant le groupe, et le concert du Zénith en première partie d'Iggy Pop pas particulièrement convaincant, écouter les albums n'a pas été inutile afin de déceler les subtilités de leurs arrangements live. A revoir dans d'autres conditions après quelques nouvelles écoutes.
On aurait aimé voir Boys Noize au Jardin mais pour Gotan Project, les photographes sont conviés au milieu du concert, donc on attend patiemment l'heure. Le groupe est bien connu des amateurs de tango et même éventuellement des collectionneurs des compilations lounge Hotel Costes. Certains morceaux sont très ancrés dans des rythmes traditionnels mais l'electro est utilisée à bon escient. Problème : l'ensemble de musiciens fait figure d'ovni dans la programmation du samedi, ce qui gâche un peu le potentiel de grande fête hispanique. Qu'à cela ne tienne, le public s'en accomode sans sourciller et se déhanche.
The Dandy Warhols tombe ainsi comme un cheveu dans la soupe après Gotan Project et leur rock psychédélique fait retomber l'ambiance, ce qui est rudement dommage quand on connaît le potentiel live de ce groupe. La lumière est tout d'abord atroce sur les quatre premiers morceaux, ce qui donne l'impression peut-être fausse mais persistante que le groupe n'est pas enchanté d'être là. Après cette frustration photographique, examen du son : pas bien meilleur. En se déplaçant, c'est même parfois pire et la foule est clairement moins enjouée que pour Gotan Project même si elle est très compacte. Beaucoup de visiteurs sont venus pour les Dandy Warhols, obligeant même les organisateurs à retenir quelques visiteurs à l'entrée. L'accueil est donc bon, un vieux rêve se réalisant pour certains ayant vu là une belle occasion de découvrir le groupe en live. L'impression sera pourtant mitigée. Là où les morceaux sur album sont enjoués, addictifs, très bien produits, les chansons tombent à plat en live, y compris les grands classiques comme Bohemian Like You. Le chanteur a l'air d'être sorti de taule la veille, apathique et blasé. Grosse déception que ne calmeront pas Jimmy Edgar et Healer Selecta au jardin.
