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Manu Dibango au Festival Afriques de Wambrechies

Quand on aborde la richesse de la musique africaine, trois illustres noms dominent les conversations : le mythique Fela Kuti, créateur de l'Afro-Beat (musique issue du métissage de la Funk, du Jazz et des rythmes traditionnels Yorumba) dont les fils, Femi et Seun, après sa mort, ont plus que brillamment repris le flambeau, Mulatu Astatke, l'inventeur de l'Ethio-Jazz qui nous a honoré de sa divine présence lors des Paradis Artificiels 2010 et Manu Dibango, originaire du Cameroun.

Manu Dibango, véritable légende vivante

Véritable légende vivante, ce jazzman de formation a travaillé avec des artistes aussi divers que Nino Ferrer, Serge Gainsbourg, Peter Gabriel, Sinead O Connor, Youssou N Dour, King Sunny Ade, a permis à la musique africaine de connaître un succès mondial et de la sortir du carcan étriqué de la World Music en la fusionnant avec d'autre registres musicaux et a influencé, dans les années 70, toute une génération d'artistes américains. Michael Jackson ira même piller son célèbre « Soul Makossa » pour l'utiliser dans son album Thriller. Un procès en découlera.

Son concert au Festival Afriques de Wambrechies

C'est donc avec une joie non simulée que les organisateurs du Festival Afriques de Wambrechies, festival mettant en avant la diversité culturelle du continent grâce à des expositions, des projections de films et des concerts et soufflant cette année sa quatrième bougie, accueillent cet artiste, officiant également comme ambassadeur de la paix pour l'UNESCO. Et ce pour un concert en extérieur, dans un cadre idyllique, à deux pas du port de plaisance et dans le parc du château de Robersart. Les nuages menaçants, la bruine et le froid, ce soir-là, ne viendront nullement gâcher la fête et refroidir les ardeurs des spectateurs où, une fois n'est pas coutume lors d'un concert, les plus de quarante ans sont majoritaires.

C'est que la voix chaude et profonde de Manu Dibango est capable de réchauffer les plus frileux qui se rendent compte, qu'à plus de 70 ans (mais en le voyant,on lui en donnerait facilement 20 de moins), le Camerounais n'est pas prêt de décrocher les gants et encore moins son saxophone, son instrument de prédilection. Entouré de six musiciens (un clavier, un bassiste, un guitariste, un second saxophoniste, officiant également comme flûtiste, un batteur et un percussionniste) et de deux choristes de talent formant le Soul Makossa Gang, Manu Dibango, l’œil malicieux et le sourire aux lèvres, prend de nouveau un malin plaisir à détruire les chapelles musicales et à tisser un patchwork musical entre Afrique et Occident.

Un bel aperçu de la longue et riche carrière du saxophoniste

Les musiciens passent du Jazz au Makossa en passant par le Funk avec le même enthousiasme et une orchestration sans faille. Le public, très large, est séduit par cette intelligente programmation donnant un bel aperçu de la longue et riche carrière de Manu. On sent que ce Sax Shaker a beaucoup voyagé et arpenté le monde avec son instrument. C'est son fidèle compagnon, son destrier. Et il le lui rend bien. Les sons qui sortent de ce bout métal sont graves, aigus, précis, percutants, magiques, envoûtants... Les amateurs de saxophone sont aux anges. Surtout quand des duos sont entamés avec Jonathan Handelsman, musicien qui n'a rien à envier au grand Manu, à part, bien sûr, son incroyable longévité.

Généreux et modeste, le Camerounais n'oublie pas de citer ses pairs et maîtres en rendant un hommage à Fela Kuti et en reprenant « Malaïka », qu'il considère comme l'une des plus belles chansons d'amour africaines, de Miriam Makeba. Refusant également la starification et la mise en avant, il laisse énormément de champ libre à ses musiciens, tous talentueux, et livrant chacun des soli explosifs. On retiendra particulièrement, vers la fin du concert, les soli endiablés consécutifs du batteur et du percussionniste où celui-ci, dans une folie bon enfant typiquement africaine, frappera sur ses fûts avec une bouteille de champagne en équilibre sur la tête! Le concert se terminera par une standing ovation et se prolongera, pour le plus grand bonheur de tous, par le morceau "Soul Makossa", qui près de 40 ans après son premier enregistrement, a tout conservé de son groove et de sa fureur Funk.

Sachant que Manu Dibango et son Soul Makossa Gang seront de retour le 18 novembre au Colisée de Roubaix, il sera réellement difficile de ne pas se laisser de nouveau tenter par l'appel de son saxophone.

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