La série de concerts proposée ce soir par la Fnac en mode 100% British dans le cadre de la manifestation gratuite Accross the Channel nous emmène à la Gare Saint-Sauveur, ouverte en 2009 à l’occasion des manifestations de Lille 3000 et qui propose, au fil de l’année, des événements culturels et donc musicaux. Outre le bar qui reçoit une scène petite mais bien faite, avec de grandes baies vitrées qui permettent de respirer tout en ayant une bonne vue d’ensemble, on peut aller faire un tour du coté des expositions, avec actuellement celle intitulée Paranoïa et dédiée à la science-fiction.
A peine arrivés, les festivités commencent. Le premier groupe s’appelle Screaming Maldini, ils sont six (2 filles, 4 garçons) et nous offrent une pop aussi acidulée que leurs tenues, roses, qui font un peu penser au look très étudié de Véronique et Davina. Car du rose et des petits cœurs il y en a dans leur son et dans leurs paroles. Leur son d’ailleurs parlons-en : claviers, trompettes, guitares, violons, percus, soutenue par les voix principales : masculine et féminine, avec des consonances à la Kate Walsh. Quant aux paroles, elles sont fraîches et pétillantes. Ce beau mélange promet mais pourtant la sauce ne prend pas. Le public, jeune, ne semble là que pour une chose (enfin plutôt une personne) et ne bouge que très peu. Les membres du groupe semblent ne pas trop savoir quoi faire pour décontracter les gens présents ; pas même un susurré "Parlez-vous anglais" n’y fait. Lorsque le sextet de Sheffield quittent la scène, ils sont néanmoins bien applaudis. Pour en savoir plus sur la musique de ce groupe, leur tout nouvel EP "Secret Sounds" vient de sortir sur le label roubaisien HipHipHip.
Lorsque le deuxième groupe se présente, le changement est perceptible : autant le premier était très coloré, autant les membres de Johnny Foreigner, sont sombres. Habillés en noir et gris, ils sont trois et viennent de Birmingham. On note dans leur musique des influences assez récentes, des années 90 précisément et le mélange donne du rock nerveux, survitaminé et piquant. La voix du chanteur a des accents très américains qui font penser à ceux de Tom Delonge des Angels & Airwaves. Après trois albums entre 2005 à 2009, on attend le quatrième qui devrait sortir en septembre 2011, leur mini-tournée actuelle servant à le tester. Histoire de patienter, on peut toujours aller voir à quoi ressemblent leurs derniers EP There When You Need It et Certain Songs are Cursed. Toujours est il que, se démenant avec conviction, ils tentent eux aussi de motiver le public Lillois qui ne réagit toujours pas, malgré l'humour so british des membres du groupe… Dommage parce qu’ils méritaient un peu plus de considération !
Une fois leur set fini et l’installation des instruments de Miles Kane en cours, l’excitation monte d’un cran et le public se masse en grand nombre aux premiers rangs. Circuler aux abords de la scène devient périlleux. Mais replongeons-nous dans les mélodies de Miles Kane. Beaucoup le connaissent par le biais de The Rascals. Ou encore par The Last Shadow Puppets, monté avec son ami Alex Turner des Artic Monkeys. Miles Kane nous présente Colour of Trap, son premier album solo pour lequel il a collaboré avec Noel Gallagher. Et lorsque Miles nous gratifie de quelques mots on sent bien qu’il vient de la même région que les frères terribles du rock ! Niveau sonorité, et a contrario de ses précédents opus, on sent clairement une influence très rock et surtout très 60’s qui n’est pas pour déplaire. Le set commence sur Invisible, et à l'inverse du titre on se rend compte rapidement que monsieur Kane aime à accrocher le regard d’une jeune fille dans le public et à ne pas le lâcher.
Pendant ce temps, le groupe se démène et enchaîne King Crawler, Midnight et Telepathy. La chaleur est insoutenable et il vaut mieux rester dehors à respirer un peu d’air frais et se trémousser à volonté sur les très bons accords de Quicksand et Counting down the days. Une petite pause le temps de My Fantasy et Colour of the Trap puis le groupe finit sur le superbe Come Closer, Hey Bulldog ! et enfin Inhaler. Peut être pas l’apothéose mais on s’en approche, et c’est avec curiosité que l’on se demande si le rappel sera équivalent… Et bien de rappel il n’y a point eu ! Le public scande des "Encore !" fournis qui resteront sans réponse.
Parfois il ne faut pas grand-chose pour qu’on passe une bonne soirée malgré des a priori négatifs. Miles Kane a réussi ce tour de force. Si ses chansons sur album laissent un gout de "trop peu" et de mollesse, il faut le voir en live pour pleinement apprécier le génie de ce petit gars !
