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Mulatu Astatke & The Heliocentrics au Grand Mix

Miracle au 5, place Notre-Dame de Tourcoing le 12 mars 2010. Dans le cadre des Paradis Artificiels, le Grand Mix se transfigure. Il n’est plus une salle de spectacle. Mais un Temple. La porte qui mène à un Eden bien réel. Ce soir, il accueille un Dieu vivant. Le créateur. Le créateur dans les années soixante de l’Ethio-Jazz, mélange de musique traditionnelle éthiopienne et de jazz contemporain: Mulatu Astatke. Et les disciples sont nombreux pour fêter le retour de la légende qui, après le succès de la collection Ethiopiques éditée par le label Buda Musique à partir de 1999, et surtout sa contribution à la bande originale du film Broken Flowers de Jim Jarmush, dont il signe une partie de la musique en 2005, entame une seconde carrière internationale et convertit de nouveaux adeptes.

 

C’est avec le groupe Heliocentrics (mené par Malcom Catto, batteur de Dj Shadow et de Madlib) que Mulatu Astatke fait la messe ce soir. Avec ces nouveaux apôtres, il a, en effet, collaboré au projet discographique Inspiration Information du label Strut Record qui rassemble sur un même album un artiste ou groupe contemporain avec une de ses principales influences musicales. Ainsi, le premier volet de ce projet avait réuni le funky Amp Fiddler et le duo jamaïcain Sly & Robbie tandis que le deuxième volet a permis au DJ londonien Ashley Beedle et le chanteur de reggae Horace Andy de travailler ensemble.

La collaboration de ces musiciens dans l’âme, au regard des influences de ces derniers, jazz et musique traditionnelle pour Mulatu, afrobeat, funk et electro pour les anglais d’Heliocentrics, déjà prodigieuse sur album, est, en live, proprement renversante, à tomber à genoux en fait. Ces artistes offrent au public un mix musical chaud, haut en couleur et audacieux en faisant cohabiter deux mondes musicaux. On se rend assez vite compte que notre cerveau et nos tympans sont trop petits pour pouvoir vraiment comprendre et assimiler toute la richesse et la subtilité de cette musique qui réussit à nous transporter tout à la fois en d’autres temps et en d’autres lieux. Les racines éthiopiennes de Mulatu, jouant principalement du vibraphone et des percussions, nous transportent évidemment sur le continent africain, la flûte nous fait voyager en orient, certains morceaux (« Cha Cha », « Chik Chikka ») nous font humer l’air sud-américain, les sonorités jazz ou free-jazz (formidable section de cuivres) nous font revivre l’ambiance des clubs enfumés américains, la guitare wah wah nous plongent dans un épisode de Starsky et Hutch, les sonorités électroniques résolument atypiques et un brin cosmiques nous amènent dans un au-delà aussi indéfinissable que paradoxalement confortable… Un avant-goût du paradis ?

Mais pourquoi chercher à comprendre le divin ? Les pèlerins préfèrent se laisser aller, s’abandonner et communier avec la musique. Une communion facilitée par l’installation vidéo qui projette des images psychédéliques sur un écran siégeant telle une auréole au-dessus des musiciens. De quoi regretter que des hosties hallucinogènes n’aient pas été distribuées à l’entrée du temple pour intensifier la transe provoquée.

Par l’éclectisme de leurs compostions, invitant autant à la contemplation qu’à la ferveur, Mulatu Astatke et The Heliocentrics offrirent plus qu’un concert de jazz. Une véritable expérience spirituelle. Une soirée céleste que l’on ne peut continuer qu’en se plongeant et replongeant dans les œuvres du dieu vivant en priant pour un retour rapide du messie
 

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