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Patti Smith au Théâtre Sébastopol – Festival Ground Zero

Il est des personnalités musicales hors du commun.

 

Des artistes qu'on ne peut s'empêcher de respecter, d'aimer, d'aduler. Et ce pour des raisons qui dépassent l'aspect créatif. Tout simplement parce que leur art est avant tout le reflet d'une admirable humanité. D'une belle âme. On peut, de manière totalement aléatoire, et sûrement quelque peu subjective, citer Johnny Cash, Jacques Brel, Jim Morrison, Marvin Gaye, Serge Gainsbourg, Joe Strummer, Jeff Buckley, Alain Bashung, Bruce Springsteen, Arno, Eddie Vedder... Beaucoup nous ont tristement quittés trop tôt.

Heureusement, ce n'est pas le cas de Patti Smith. Une artiste aux multiples facettes. Poétesse, peintre, photographe, chanteuse. Une icône parmi les icônes. Ayant traversé les décennies comme un électron libre. Une intellectuelle anarchiste. Une rockeuse lettrée. Ayant réussi l'incroyable pari de conjuguer sensibilité Beatnick et rage Punk.

Le rendez-vous donné au public Lillois en ce soir du 3 novembre au Théâtre Sébastopol était donc inratable. Et c'est en toute logique que la date affiche rapidement complet. Le public est multigénérationnel. Des fidèles de la première heure. De jeunes convertis. Mais tous partagent la même impatience. La même joie d'être là. Pour voir ou revoir celle que l'on a surnommée « La Marraine du Punk ».

Mais c'est avec modestie que Patti Smith monte sur les planches. En toute simplicité. Avec son éternel look de vieille prof de lettres rebelle. Une veste noire trop grande pour elle, un t-shirt blanc au motif psychédélique, un vieux jean délavé retroussé sur ses godillots noirs. Aucun artifice. Pourtant, elle rayonne. Elle dégage ce « je-ne-sais-quoi » indéfinissable qui fait battre le palpitant. Son sourire désarmant de naturel et un chaleureux « Hello Everybody » suffisent à faire chavirer l'ensemble de l'assistance.

Entourée de ses cinq musiciens, dont le complice de toujours, Lenny Kaye à la guitare, et sa propre fille, Jesse Smith au piano, Patti revisite à l'acoustique les plus grands titres de son répertoire. Un concert unplugged. Mais non dénué d'électricité. 'Grateful', 'Pissing In The River', 'Ghost Dance', 'Redondo Beach', 'Dancing Barefoot' sont autant de décharges que l'on se prend en plein coeur. L'interprétation est fiévreuse. L'artiste habitée par ses textes. Qu'elle chante avec une fureur et une sensibilité juvéniles toujours intactes mais aussi avec la sagesse et l'expérience d'une femme de 65 ans au parcours extraordinaire.

Cela force le respect. Un respect loin d'être funèbre. D'une trop grande révérence. Car Patti Smith n'est pas prête de tirer la sienne. Il se dégage de son être une incroyable fraicheur, une rage de vivre irrépressible. Elle reste un cheval fougueux, indomptable. Profitant de la reprise du 'Pushin Too Hard' des Seeds interprétée par Lenny Kaye pour descendre de scène et se mêler avec une classe déconcertante au public. Les spectateurs, se sentant tout d'un coup trop à l'étroit dans leurs sièges, se lèveront en masse pour ne plus se rassoir de la soirée.

Et c'est dans un raz-de-marée de poings levés que seront joués les hymnes fédérateurs que sont et resteront à jamais 'Because The Night', 'People Have The Power' et 'Gloria'. Un instant de communion tout simplement magique.

Drôle, attachante, émouvante, sincère, honnête, pleine de grâce, incroyable... Les qualificatifs manquent pour définir ce petit bout de femme au nom pourtant si banal. Et si Patti smith était tout simplement une magicienne?


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