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The Popopopops à la Péniche – Les Paradis Artificiels

The Popopopops, les jeunes rennais, nous ont réellement enchantés et régalés d’une pop fraîche, grave et punchy lors de leur passage, le 10 avril, à la très active Péniche, un lieu décidément bien commode et convivial pour découvrir les jeunes pousses. Jeunes ne veut pas dire inexpérimentés et le groupe connaît le métier par la seule voie connue pour être bons sur scène : ils ont donné beaucoup de concerts. Si on baisse un peu confusément la tête parfois devant des groupes très manifestement lancés trop tôt sur une scène, il n’en est absolument rien ici. Nous attendions pourtant beaucoup de leur passage aux Paradis artificiels : le magnifique clip « My mind is old » et l’album, petite bombe de pop à la fois noire, légère et profonde avait allumé des feux claquant d’étincelles dans nos âmes et de grandes espérances…

La voix du chanteur fut ce soir là langoureusement hypnotique et la séduction totale, servis et rehaussés de chœurs subtils, travaillés, en place, justes. Pop fantasmagorique, maturité sonore et professionnalisme étonnent et le concert d’une heure et quart est pleinement séduisant. Conquis, enjoué, la public apprécie la qualité des morceaux dans des versions qui permettent à la fois de reconnaître l’album défendu et de profiter de vraies versions live, personnelles, décoiffantes. Le chanteur relève le défi de faire danser et chanter, vibrer et bouger un public quelque peu frileux au début du concert. Pari complètement réussi. Comme souvent, mais ce n’est jamais acquis, la Péniche largue insidieusement ses amarres, le roulis est agréable, le tangage enivrant, la pop dance nous sert d’étoile polaire et on navigue à vue, confiant, les yeux mi-clos. Déjà brillants en assurant la première partie de Skip the use, le groupe entend ce soir être le seul maître à bord et gonfle toutes les voiles de son propre vaisseau, seul en course. Les sonorités évoquent Pony Pony Run Run, riffs plus tranchants façon Kaiser Chiefs, pop dansante et efficace, quelques accents de the Foals, chœurs ultra présents et même une guitare qui fit passer de manière extrêmement surprenante le fantôme amusé et forcément ironique de Frank Zappa ! Nullement uniforme ou coincé dans un registre, disposant de plusieurs voix, le groupe passe sans transition aux multiples facettes d’un disque qu’il serait dangereux d’étiqueter trop étroitement, il risquerait de sauter du bac de lui-même : langueur trompeuse, chant doux amer sur « Wavelength ».

Légers, graves, euphoriques, le quartet de Rennes, glorieuse patrie d’une certaine idée du rock à la Française en son temps avec Marquis de Sade, Marc Seberg, etc. ont su nous conquérir en donnant tout simplement tout ce qu’ils avaient, en laissant parler le plaisir de partager sa musique. Quand un concert devient partage, il n’est jamais raté et ils ont tout des grands qu’ils affectionnent. Leur pop noire, serrée, composée, métronomique autant que sensuelle, hypnotique comme a pu l’être celle de New Order lors de « Blue Monday » de mémoire mancunienne ou celle des fantastiques Talking heads de David Byrne qui avaient tout compris avant tout le monde faisant avancer un groove imparable avec Tina Weymouth et Chris Frantz pour caler cette déferlante.


Pour une fois, il faut le noter,
le groupe semble encore plus abouti sur scène que dans son écriture discographique. Que leur pop vaporeuse et négligemment décadente les emmène loin. On frimera avec une très étudiée fausse modestie en disant à voix presque trop basse qu’on les avait vus à la Péniche, accourant en sueur mais le tee shirt frais, pour vendre et signer, ouverts, légers, profonds, leurs albums. Cette magie des débuts, que les groupes ressentent en descellant fiévreusement les premières copies de l’album, ne devrait jamais disparaître. Quoi qu’il en soit, elle était là, comme un air impalpable.

Quel plaisir et quelle fraîcheur de lire les réactions du groupe après le concert.

Lille la nuit : Un concert sur une Péniche, c'est rock?
The Popopopops : Oui c'était cool, on a à peine senti le roulis du bateau !

Lille la nuit : Une salle mythique où vous rêvez de jouer?
The Popopopops : Pas une salle mais un festival: Coachella !

Lille la nuit : Le public de Lille? (oui, c'est vrai on était un peu timide au début, mais on s'est bien rattrapé!
The Popopopops : La ferveur des Lillois restera un bout de temps dans nos mémoires. C'était cool !

Lille la nuit : Votre première partie de Skip the Use: un souvenir?
The Popopopops : Beaucoup de bons, le concert à l'Olympia était quand même spécial !

Lille la nuit : Si vous n'étiez pas aussi bons que vous l'êtes, , vous auriez voulu être quel groupe?
The Popopopops : RATM pour le groove bestial !

Lille la nuit : C'est pas énervant d'être tous les 4 beaux et excellents? Vous en voulez plus?
The Popopopops : Toujours. On pense à la chirurgie esthétique pour encore améliorer le truc, mon nez laisse un poil à désirer.(dixit Vincent le guitariste !)

Merci infiniment au groupe, et on leur dit pop'on!

 

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