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Uncommonmenfrommars, Skip The Use, Madison Perspective – Le Père Noël est-il un Rocker ?

Pour ce dernier soir du festival "Le père Noël est-il un rocker" au Splendid, l'organisation paraît d'emblée meilleure qu'à l'Aéronef. Bien que l'humeur ne soit pas forcément au beau fixe, le baromètre vissé sur "pluie fine", l'entrée se fait assez facilement, peut-être plus vite côté "jouets" cependant, allez comprendre. Ce soir, le festival penche plus du côté rock que du côté Noël. On nous a promis du rock, tirant vers le punk, qui fait mal aux oreilles et secoue la tête. Il est donc assez surprenant de voir arriver Madison Perspective, trio alternatif, heureux gagnant du tremplin. Néanmoins, ils jouent "à la maison", ne sont pas inconnus (les Lillois connaissaient Duke, formation précédente) et leurs compositions sont un délice à déguster en préliminaire à la folie furieuse qui va suivre. Tirant très nettement vers Radiohead ou Ghinzu, les Madison Perspective surprennent surtout par par leur capacité à prendre aux tripes sous des aspects faussement doux et, point important, communiquent beaucoup. Le concert se déroule donc dans la bonne humeur. "C'est à ce moment-là que je suis censé dire "Lille, vous êtes chauds !" ", nous confie Antoine. Un peu de crainte assumée mais les Lillois sont accueillis chalheureusement.

Suivent de vrais allumés, les Skip The Use, se situant quelque part entre la disco cinglée et l'electro-punk, étant au punk ce que Shaka Ponk est à l'electro. Ils prennent la pop, l'étirent et la marient avec toutes sortes de rock possible, pour un résultat jouissif. Comme ils l'expliquaient quand nous les avions rencontrés, le public s'attend encore à voir Carving (leur précédente formation) et on peut entendre régulièrement, surtout dans les premiers rangs, ce nom scandé. Que leurs fans se rassurent, ils ne renient pas leurs origines. De Carving, ils ont gardé cette énergie dévastatrice qui fait oublier le monde extérieur, une sacrée pincée de technique en plus et des horizons musicaux plus larges. La bonne humeur est de rigueur, tous sont très contents d'être là et leur enthousiasme est communicatif. En deux chansons, Dr House et Bullet (In My Head), ils ont déjà fichu un beau bordel, dans le bon sens du terme. Ca s'agite, ça bouge, ça crie. Arrivé au diablement efficace Antislavery, on se félicite d'avoir vu Madison Perspective avant et on se demande si un autre groupe sera supportable après une telle frénésie. Point de répit puisque suit Give Me, l'une des compos les plus travaillées et retravaillées. Matt a abandonné la crête mais pas ses bonnes habitudes : il descend régulièrement près de la foule, grimpe sur les barrières, ne s'économise pas. Vocalement, c'est très bon, musicalement pas de secret : les Skip The Use ont l'expérience de dix ans de scène. Après un You Are lancé comme une bombe, Matt évoque Carving et s'ensuit le bien connu Don't Want To Be A Star. Ca pogote sec au premier rang et ça continue sur Hell Parade. "Celle-là on l'écoutait tous". Par "celle-là", Matt entend Song 2. Oui, tout à fait, on peut aimer le punk ET la pop britannique de Blur. Après nous avoir nourris d'une version dont ils n'ont pas à rougir, ils enchaînent avec un classique (tout titre de Nevermind est un classique, non ?), le malsain mais péchu Breed. Matt se lance dans uen dédicace "à Curry and Coco, à Birdy Nam Nam, à Yuksek...". "Vous êtes prêts à devenir des démons ?" nous lance-t-il encore. Retour à leurs morceaux et c'est déjà la fin. "Déjà ?!" demande-t-on autour.

Suivent assez vite d'autres bons dingues, tout sauf inconnus, les Uncommonmenfrommars et on se dit qu'on n'a pas fini de remuer la tête quand les gusses démarrent presque immédiatement avec Fuckout. La migraine guette à force de bouger mais peu importe : c'est juste bon. En français, Motor Ed nous explique que c'est la première fois en treize ans de carrière qu'ils jouent à Lille. On est bien d'accord, c'est carrément un scandale, surtout vu le bon accueil qui leur est réservé. En français, oui, car derrière toutes les apparences, le groupe est français, certes composé pour le mythe à 75 % de frères issus de Washington ayant atterri on ne sait bien comment en Ardèche. Pour Functional Dysfunctionality, quatrième album, ils ont la bonne idée de venir présenter leurs nouveaux au public du festival, qui découvre donc Vampire Girl, Get Back On Your Horse, Face To The Ground et autre Let It Flow avec étonnement mais aussi plaisir. La scène est le terrain de jeu des membres du combo : ils échangent leur place, chantent tous et jouent aussi bien avec le public qu'avec les photographes. Les plus américains des punks français sautent partout sur la scène, sautent de scène, sautent dans la fosse et jouent au milieu des spectateurs en sautant. Non seulement les Uncommonmenfrommars ont pris le luxe de travailler avec Ryan Greene ou Steve Albini (excusez du peu !), mais ils ravagent positivement les lieux qu'ils traversent. Evidemment les bons classiques marchent fort et des titres comme Pizzaman ou Tatoo, placés judicieusement en rappel, remportent un franc succès. Le rappel s'étend un peu avant la fin : comment cela, déjà fini ?

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