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Slam et Souffle

                                                   Slam tu m’intrigues tant !!!
Samedi, 20h30 à l’Aéronef et me voici devant les vigiles en train de me faire fouiller (pas de bouteille mesdames messieurs merci…). Eh zut alors, et si je n’ai rien à me mettre sous la main par certain temps d’ennui ? Bon on fera avec. De toute façon, je n’ai pas trop le choix. Une fois les billets récupérés à l‘accueil, j’entre enfin dans la salle. Rouge, première impression ; petite ensuite. Des chaises installées ci et là pour notre aise, c’est super. Au moins on aura pas à rester debout les regarder se battre avec les mots. Un groupe d’enfants entre dans la salle et l’ambiance devient bruyante. Des gens, tous très zens, prennent place et laissent parfois deviner une once d’euphorie dans leur gestuelle. Slam que tu m’intrigues !!! Et de plus en plus ! A quoi vais je m’attendre ? Aie. Les lumières (rouges) s’éteignent laissant apparaître un mec aux longues dreads sur fond de luminosité blanche. Ce doit être Julien Delmaire, slameur lillois qui gagne en popularité de par son excellente verve. Et c’est le cas de le dire !

Le show commence avec un premier texte issu d’un de ses recueils « Nègres ». Tout en gestuelle, il va titiller les mots, s’en emparer, faire corps avec, les déclamer, les dire….tout simplement. Mais la force qu’il y emploie est sidérante. Sa verve te transporte dans son flot de parole sans même y avoir demander à participer. Pas le choix, trop tard, la caravane démarre en trombe et manque de bol je dirais, toi avec. Que faire, rien. Tu suis le rythme pendant une vingtaine de minutes devant Monseigneur Delmaire et à chaque fin de voyage, les mains se rejoignent et un amas d’applaudissements se fait entendre. Et re belote. La fin du périple s’annonce dévastatrice pour nous car on voudrait l’entendre toujours ne faire qu’un avec les mots qui, étrangement, nous sont transmis avec la force de sa voix,  mais qui ne nous a jamais atteint aussi délicatement. Fin du voyage et les prédilections s’avèrent justes. On a mal que ce soit déjà fini. Le reste sera t’il à la hauteur de ce que nos oreilles ont pris tant de plaisir à écouter ?

Une fois le grand maître quittant son presque territoire, les musiciens de la troupe commencent à s’installer. J’aperçois le guitariste de Noir Désir, Serge Teyssot-Gay , la clarinettiste Carol Robinson et Keyvan Chemirani, le percussionniste. La tension monte. Que va t’il se passer….Et là nos poètes slameurs montent sur scène. J’en suis presque à fermer les yeux. La déception me lorgne mais je ne veux point l’affronter. Mike ladd (usa) , Fred Nevchihirlian (fr) et Busa (hon) prennent leur marque. Et jeux de lumière, Fred s’avance vers nous public et se met à dire des mots qui littéralement sortent de lui, de son corps et de son âme, on a presque envie de le dire, des mots qu’il accouche, qu’il crache, qu’il nous lance en pleine figure, sans vulgarité mais avec une authenticité certaine. Vient ensuite le tour de Busa, qui va le faire …en hongrois. Oui mesdames messieurs, de la poésie hongroise qui fait d’ailleurs du bien à nos oreilles, sur fond de sonorités hip hop car notre slameur fait en plus du beat box. Mike lui, vous pensez bien, déclamera en anglais.

Ainsi tout au long du spectacle, nos trois poètes vont jongler avec les mots, et les musiciens vont leur souffler les notes. Un enchevêtrement de dires, de déclamations de paroles, qui pourtant ne tombent jamais dans la cacophonie. Se clippent plutôt les uns aux autres dans une verve à faire pâlir un handicapé de la langue. Les prodiges nous font miroiter un monde où pour s’exprimer, il ne faudrait user que de la langue et de ses mots comme si la poésie était affaire de tous. Par certains moments, le souffle des notes s’arrêtent et laissent place à celui des mots, les musiciens laissant place tour à tour aux poètes de dire avec la seule sonorité de leur voix. Par d’autres moments, le souffle des mots laisse place à la poétesse musicale afin de s’exprimer sans voix. Enchaînant rythmes lents, rythmes endiablés, la joyeuse troupe nous emporte comme on en aurait jamais imaginé.

Fin du spectacle. Les lumières baissent et la foule n’en revient pas, je n’en reviens pas. C’est donc ça le slam ? je suis déjà fan. Alors une chose à faire, m’y mettre. Qu’est ce qu’il faut, de la volonté, une bonne bouille et une once de poésie ? J’y vais : l’arbre de ma terre / ver palabre/ que nenni/ ô mon ami/… Bon allez demain je fonce à un atelier d’écriture !
En tout cas spectacle gé-nia-li-ssi-me.

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